page suivante »
LE P R E S I D E N T BAUDRIER. 15-'" sonniers. Longue et dure fut la séquestration. Un jour se répandit le lugubre bruit qu'on avait formé le projet de purger la prison de Lyon, comme elle l'avait été, en 1793, par les Jacobins, mais plusieurs des amis et des collègues des prisonniers s'étaient glissés en armes dans les rangs du poste, bien décidés à les défendre si le massacre avait été décidé. Ce fut dans une cellule que je trouvai M. Baudrier; il était assis sur une planche, calme, résigné, mais souffrant cruellement de douleurs au foie. Le 14 septembre, le préfet Challemel- Lacour, craignant que si la maladie s'aggravait sa responsabilité fût engagée, prit l'arrêté suivant : Vu le rapport de M. Mecleua; qui constate que M. Bau- drier est dans un état de maladie qui exige des soins parti- culiers ; Vu les pouvoirs du Préfet sur les prisons;... Vu ce que commande Vhumanité en cette circonstance ; Le Préfet arrête : M. Baudrier est autorisé à se faire transporter à son domi- cile, où il restera à la disposition de la justice, sous réserve des mesures de précaution jugées nécessaires. Il est enjoint â M. le Directeur de la, prison de remettre M. Baudrier aux mains du citoyen Couturier, capitaine d'état-major, I.E l'UKFET CHAU.EMEL-LACOUR M. Baudrier fut donc transféré chez lui, en vertu de cet ordre, mais deux factionnaires furent placés à sa porte. Plusieurs gardes nationaux du quartier, chargés de sa garde, se refusèrent coura- geusement à accomplir cette odieuse besogne; du reste la consigne fut levée deux jours après. La Justice ayant repris son libre cours, M. Baudrier remonta, en novembre, sur son siège. Toutefois, nos audiences furent souvent courtes ; tantôt les avocats chargés de plaider des causes fixées avant la guerre, étaient sous les drapeaux devant l'ennemi ; tantôt des dossiers se trouvaient dans des villes occupées par l'invasion; tantôt aussi pénétraient jusque dans le Palais, des cris de sédition