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FELIBRIGE LES FÊTES PROVENÇALES DE PARIS Paris, 20 juin 1884. • La campagne félibréenne est terminée. Ces deux mois d'avril et de mai qui s'annonçaient si glorieux pour la cause, ont dépassé en résultat toutes les espérances. Et maintenant qu'on en a fini avec le Grand Prix, que les félibres, venus des quatre points cardinaux... du Midi, ont regagné leur province comme les Parisiens eux-mêmes, jetons un coup d'oeil en arrière sur cette période que l'histoire ne manquera pas d'appeler : la cam- pagne de Mistral. Nous ne pouvons e'numérer les réceptions somptueuses données en l'honneur du poète. Tout ce que Paris compte d'hommes illustres a eu la gloire de le fêter. Nous nous bornerons à rappeler celles de M. H. Fitch, détaillée dans le Temps par l'historien-poète de la Vie à Paris, M. Jules Claretie ; de l'académicien Legouvé qui réunissait la majorité des Quarante ; de M. Chabrier, présidée par- deux des meilleurs amis de Mistral, Hébert et Gounod ; de Mme Saling de Kerven (Camée); de M. Glovis Hugues, suivi d'un bal arlésien, etc. Il serait injuste de ne pas tenir compte d'assemblées privées de cette nature. Elles préparent le mouvement de l'opinion, et cette fois, surtout ont contribué au caractère solennel de la Sainte-Estelle de Sceaux. II Les admirables fêtes provençales que les félibres ont offertes à Paris, à cette occasion (25 mai), n'avaient pas commencé le dimanche, comme on le croit com- munément. Dès le samedi, un souffle de poésie naturelle et d'art champêtre était dans l'air. Armand Silvestre avait protesté dans le Gil lilas, en présence de la nouvelle exaltation de Béranger, contre l'oubli où semblait relégué notre Pierre Dupont. « N'est-ce pas, mon cher Paul Arène, que nous la vengerons! » avait-il dit. Et le matin même de la fête du chansonnier politique, Paul Arène lançait