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40                         LA R E V U E L Y O N N A I S E

1er leurs vassaux à la défense de leur château fort, flanqué de
vingt-deux tours. Toute défense leur fut donc impossible et les
calvinistes entrèrent dans le monastère, sans coup férir '. On sait
par « le verbal et information faite par l'authoritè du Roy Char-
les IX, de la ruine du chasteau de Saint-Just de Lyon, en 1563 2»
les ravages affreux qu'ils y commirent. Mais il paraît que dès
que les chanoines connurent la surprise de la ville, et ne doutant
pas des intentions du cruel baron des Adrets, ils enlevèrent tout
ce que leur Trésor renfermait de plus précieux. L'un d'eux, l'obéan-
cier Pupier se dévoua pour mettre ces richesses en lieu de sûreté,
et on lit avec le plus grand intérêt, le récit qu'il a fait, lui-même,
dans une supplique au chapitre, de tous les dangers qu'il a courus
et de tous les dommages personnels qu'il a soufferts pour accom-
plir ce sauvetage.
   D'après cet acte (inédit), François Pupier cacha d'abord le Tré-
sor de Saint-Just dans sa propriété située à Montrotier. Mais, vers
le 15 mai, sa famille qui était une des principales de Lyon et atta-
chée à la nouvelle religion, le fit prévenir que le baron informé de
l'enlèvement qu'il avait fait du Trésor du monastère, se proposait
de le faire arrêter par le Prévôt des Maréchaux et de le faire pen-


   i II paraît d'après l'enquête faite par ordre de Charles IX au sujet de la destruc-
tion du monastère de Saint-Just que les Calvinistes ne s'en emparèrent que le 2 mai.
si l'on en croit le témoin Rivet, cordonnier à Saint-Just, entendu dans cette enquête,
Il a déclaré en effet « que en l'an 1562 et le 1 e r de may, la ville de Lyon fut surprinse
et le lendemain un nommé Jean de La Porte, autrement appelé le capitaine Chau-
veyrien, accompagné du prévost des Maréchaux, des archers et soldits firent ouvrir
la porte du dit Saint-Just et prindrent la porte Saint-Irénée et le cloislre du dit
Saint-Just et mirent partout garnison de certains soldats provençaux, de Genève et
autres du party des Huguenots sous la charge des capitaines Odefroy etd'Estranges... »
   2
      Cette enquête fut faite en présence, entre autres, de « messire François Pupier,
obéancier » le même qui sauva le Trésor. — Dans cette enquête il n'est pas question
du sauvetage du Trésor ; d'après tout son ensemble on croirait même qu'il a été en-
tièrement détruit. En effet, deux témoins se sont exprimés à cet égard, en ces termes :
« Permont Peressier, trompette de la ville, a dit avoir vu mettre en pièces et em-
porter les papiers, livres et ornements d'église. — Jacques Charretier a vu mettre
en pièces toutes les images, chasses et autels, les livres et habillements de l'église. »
   Enfin dans une requête au roi présentée le 8 juillet 15G4, le Chapitre exposa « que
les ornements, reliquaires, meubles, papiers, terriers ont éié prins, perdus ou
adirez      »
   Les papiers de Saint-Just ne furent pas non plus détruits ; on put aussi les sauver
et ils forment aujourd'hui le riche fonds dit de Saint-Just conservé aux archives du
 département.