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      « Au milieu du lac se trouve une petite île, où s'élèvent de grosses
pierres naturelles amoncelées, des bouts de rames qui servent de borne à
de nombreuses courses navales ; c'est là que les bateliers viennent faire
de joyeux naufrages. Nos aïeux avaient coutume d'imiter en cet endroit
les naumachies que la superstition païenne avait établies à Drepano ».
      Doutera-t-on, après avoir lu ce passage, de l'ancienneté de nos joutes
lyonnaises ? C'est un attrait de plus pour l'étranger attendu, et que pen-
sera-t-il aussi des poissons exquis que la nature fait engraisser à son inten-
tion ? Quelle plus belle réclame peut-on faire pour ce beau lac d'Auvergne,
le lac d'Aydat, un des sites les plus merveilleux de cette province de France ?
On comprend que Sidoine aime ces lieux si calmes et qu'il y attire ses
amis. Nous le voyons, dans une lettre à son neveu Secundus, quitter Lyon
à cheval pour y accourir. En route, pendant la nuit, dans une auberge, il
compose une épitaphe pour la tombe de son grand-père qu'il a vue en
passant être sur le point d'être démolie et qu'il va reconstruire. Clermont
est la patrie d'adoption de notre compatriote ; bien avant Vercingétorix,
c'est le centre politique de l'ancienne Gaule et elle en deviendra une fois
de plus le dernier rempart, à cinq siècles d'intervalle, lorsqu'elle soutien-
dra le siège qui apporta tant de gloire à son saint évêque. De Clermont,
Sidoine se rend facilement à Avitacum, il doit se plaire à orner cette de-
meure dont les charmes lui inspirent de si belles descriptions. Combien
est vif notre regret de n'en posséder d'autre souvenir que la lettre adressée
à Domitius. Comme la villa de Cicéron à Tusculum, comme celle de Pline
à Sorrente, aucun vestige ne subsiste de ce qui fut Avitacum, sauf le nom
déformé du village d'Aydat, sauf aussi la petite île, le beau lac et ses pois-
sons fameux.
      Constatons en passant que le goût des Lyonnais pour les demeures
d'été, si souvent reconnu de nos jours, remonte à des siècles reculés. Dans
d'autres lettres, Sidoine nous décrit plusieurs villas et il nous dit même
qu'en se rendant à Rome par la porte impériale, il dut, de Lyon jusqu'aux
Alpes, s'arrêter maintes fois pour rendre visite sur son parcours à des
parents et à des amis. Les villages et les belles demeurent qui jalonnent
nos grandes voies de communication ont donc, pour la plupart, une ori-
gine romaine et sont les témoins de cette lointaine civilisation.