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— 379 — « Au milieu du lac se trouve une petite île, où s'élèvent de grosses pierres naturelles amoncelées, des bouts de rames qui servent de borne à de nombreuses courses navales ; c'est là que les bateliers viennent faire de joyeux naufrages. Nos aïeux avaient coutume d'imiter en cet endroit les naumachies que la superstition païenne avait établies à Drepano ». Doutera-t-on, après avoir lu ce passage, de l'ancienneté de nos joutes lyonnaises ? C'est un attrait de plus pour l'étranger attendu, et que pen- sera-t-il aussi des poissons exquis que la nature fait engraisser à son inten- tion ? Quelle plus belle réclame peut-on faire pour ce beau lac d'Auvergne, le lac d'Aydat, un des sites les plus merveilleux de cette province de France ? On comprend que Sidoine aime ces lieux si calmes et qu'il y attire ses amis. Nous le voyons, dans une lettre à son neveu Secundus, quitter Lyon à cheval pour y accourir. En route, pendant la nuit, dans une auberge, il compose une épitaphe pour la tombe de son grand-père qu'il a vue en passant être sur le point d'être démolie et qu'il va reconstruire. Clermont est la patrie d'adoption de notre compatriote ; bien avant Vercingétorix, c'est le centre politique de l'ancienne Gaule et elle en deviendra une fois de plus le dernier rempart, à cinq siècles d'intervalle, lorsqu'elle soutien- dra le siège qui apporta tant de gloire à son saint évêque. De Clermont, Sidoine se rend facilement à Avitacum, il doit se plaire à orner cette de- meure dont les charmes lui inspirent de si belles descriptions. Combien est vif notre regret de n'en posséder d'autre souvenir que la lettre adressée à Domitius. Comme la villa de Cicéron à Tusculum, comme celle de Pline à Sorrente, aucun vestige ne subsiste de ce qui fut Avitacum, sauf le nom déformé du village d'Aydat, sauf aussi la petite île, le beau lac et ses pois- sons fameux. Constatons en passant que le goût des Lyonnais pour les demeures d'été, si souvent reconnu de nos jours, remonte à des siècles reculés. Dans d'autres lettres, Sidoine nous décrit plusieurs villas et il nous dit même qu'en se rendant à Rome par la porte impériale, il dut, de Lyon jusqu'aux Alpes, s'arrêter maintes fois pour rendre visite sur son parcours à des parents et à des amis. Les villages et les belles demeurent qui jalonnent nos grandes voies de communication ont donc, pour la plupart, une ori- gine romaine et sont les témoins de cette lointaine civilisation.