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      Les fils recueillent-ils au passage des ondes hertziennes qui les font
chanter ? cette idée brillante fut proposée 13 mais elle reste fort nébuleuse et,
expériences faites, je ne puis l'admettre... Elle me coûte cependant assez
cher, car je procédai aussitôt à une installation complète de télégraphie sans
fil pour vérifier les remarques nombreuses de Turpain sur les parasites,
leurs relations avec les cirrus et la pluie, la prévision possible des orages par
la T. S. F. 2 : bien, bien, très intéressant, mais tout cela, c'est la Science de
demain et il n'y a encore rien de bien utilisable pour la prévision du temps.
     Je décidai de procéder à une enquête auprès des cultivateurs expéri-
mentés. L'avis fut unanime : c'est la Lune.
     Voilà un ensemble de bon aloi. La Lune? je cours à ma bibliothèque.
Et, là, durant des mois entiers, je consacrai mes veillées à compulser et
comparer des écrits, dont la liste seule exigerait de longues pages d'une
Revue trop importante pour que j'en dilapide une seule ligne. Les yeux me
piquent, à la fin, et foin ! de toutes ces balivernes de la crédulité populaire.
Que m'importe, à moi, le proverbe mahonais : Quand la lune est couchée
sur le dos, marin veille et tiens-toi debout3. Qu'ils se couchent tous deux s'ils
veulent : est-ce la vérification de telles sornettes qui m'aidera à prédire le
temps à longue échéance ? Des faits épars, oui ; des remarques curieuses,
oui ; d'inexplicables anomalies, oui ; mais des règles, des lois, non, non et
non. Un ronron d'apparence scientifique qui se résume en une niaiserie : le
temps change quand la Lune a un certain âge.
     Faut-il admettre, avec Garrigou-Lagrange 4, que le caractère général
d'une saison est déterminé par la physionomie des saisons antérieures ? Si
l'on s'en tient aux généralités, c'est un truisme, mais la vérité vous glisse
des doigts comme une anguille dès que l'on veut préciser. Du reste, décidé-
ment, le temps n'est pas un élément strictement local et je dois m'efforcer
de conserver un sens critique aiguisé : les progrès réels ne seront effectués
dans la prévision du temps que par l'étude rigoureuse du régime du vent,
non seulement à la surface, mais à toutes les altitudes. Thévenet l'a indiqué

   i.   Cf. « Le chant des poteaux télégraphiques », la Nature, 19091, supplément, p. 5.
   3.   Turpain affirme que oui ; Guilbert affirme que non. Cf. Assoc. fr. p. l'avanc. des Se, 1913.
   3.   Cf. Tarry, Assoc. fr. p. l'avanc. des Se, 1906*, p. 55, et 19062, p. 33.
   4.   Assoc. fr. p. l'avanc. des Se, 19061, p. 78.