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 jours stipulées en monnaie forte ; si bien que celui qui a contracté alors
 pour une somme de 10.000 livres, qui ne lui représentait en effet que 500
 piastres effectives, s'est réellement obligé de payer 2.777 piastres, qui
 à 3 1. 12 s. font la somme qu'il a empruntée.
      «... Il me semble que le législateur ferait droit en réduisant toutes
 créances sur le pied du surhaussement de la piastre au temps de l'enga-
 gement. Les époques diverses du surhaussement sont connues. Si cette
 opération offrait trop d'inconvénients, ne pourrait-on pas autoriser le dé-
 biteur à se libérer en contrats au denier 25 dans lesquels sont convertis
 le papier monnaie et les autres titres de créance qu'on avait sur la Com-
 pagnie, ou sur le pied de l'escompte que ces contrats supportent sur la
 place ? Mais alors, il faut autoriser le conseil à accorder des délais au delà
 de ceux fixés par l'ordonance.
      «... Le salut de cette colonie composée de débiteurs (car les créanciers
 sont dans la marine de la Compagnie) dépend des mesures que vous aurez
 la bonté de prendre pour que les esclaves qu'ils ont achetés il y a trois ans,
 dont la valeur est de 500 livres, ne soient pas payés près de 1.000 écus,
 argent de France, représentant 2.000 livres argent fort.
      « Une colonie ne peut prospérer que par l'aisance, pour ne pas dire
par la richesse. Celle-ci est dans l'anéantissement et la pauvreté ; elle est
dans un état pire encore, qui est l'insolvabilité absolue. Une réduction
et des termes pour les paiements peuvent seuls la sauver, rétablir la con-
fiance, constituer les propriétés ; encore, avec ces grands secours, le débi-
teur ne sera-t-il, pendant longtemps, que le fermier de son créancier.
Cet objet mérite, à mon sens, toute l'attention du Gouvernement » \
      Un autre problème préoccupait Dumas, celui du ravitaillement de
l'Ile de France, dénuée de tout approvisionnement en marchandises d'Eu-
rope. « Les articles en comestibles ou de consommation nécessaire pour
les habitants s'y trouvent en si petite quantité [dans les magasins de la
Compagnie] que distribués équitablement entre eux [les habitants], il
n'y en aurait pas pour fournir à leur consommation indispensable l'es-
pace de six semaines... Les vaisseaux qui ont passé ici cette année ont

   1. Dépêches de M. Dumas, 10 novembre 1767.