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— 215 — siblement ; sa contrainte dans nos conversations le laisse apercevoir et cette disposition de sa part se manifeste surtout depuis que l'ordre de décharger la flûte du Roi La Garonne est arrivé au port » \ Dumas quitta Lorient le 2 avril et débarqua à l'Ile de France le 14 juillet 1767. En dépit de tous ses efforts, il ne parvint pas à rétablir la bonne volonté avec l'intendant qui persistait à « cheminer seul », malgré les instructions recommandant « singulièrement » aux deux représentants du Roi « le concert et la bonne intelligence ». Il fallait « poursuivre » l'in- tendant pour obtenir des conférences, et, bien qu'il habitât en face du commandant, il se rendait souvent invisiblea. Désormais, les froissements, les conflits d'autorité, les querelles d'amour-propre se multiplieront, d'abord de peu d'importance, puis plus sérieux, pour aboutir à un coup d'éclat qui brisera la carrière admi- nistrative et militaire de Dumas. Pourquoi cette lutte entre deux hommes qui étaient sans doute ani- més du même désir de bien servir le Roi ? Dumas y voit d'abord l'action de ses ennemis sans s'expliquer autre- ment là -dessus. A cette action se rattache un projet, sur lequel il reviendra souvent, et qui n'est autre que celui de restituer les Mascareignes à la Com- pagnie des Indes ; le « projet ténébreux » formé dès avant son départ aurait pris naissance en haut lieu. Il existait des tractations mystérieuses aux- quelles le duc de Praslin ne fut point étranger. Dumas fait allusion à de secrètes instructions de la Compagnie à ses agents, connues de Poivre, mais dont on lui refusa communication3. De là à soupçonner, puis à nettement affirmer que l'intendant est com- plice, il n'y a qu'un pas. Le fougueux commandant le franchit rapidement, puisqu'il écrit dans son journal, à la date du 6 août, trois semaines après son installation : « Il y a trop longtemps que je soupçonne M. Poivre d'être ici l'homme de la Compagnie ou plutôt l'homme de l'administration de 1. Mémoire et Consultation pour le S' Dumas, 16-17. 2. Dépêches de M. Dumas, 8 novembre 1767. 3. Copie de toutes lettres écrites par M. Dumas, 9 novembre 1767, à M. Choquet;25 novembre, à M. Dubuc ; 18 juin 1768, à M. Géraud ; Journal de M. Dumas, 6 août 1767.