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correspondance du vice-roi . Celle-ci fut adressée, sans retard et par les
soins de M. de Tournon, à M. du Leu, maître des courriers de la ville de
Lyon, qui se chargea de la faire parvenir, comme Démia l'avait demandé la
veille de sa mort, au frère du maréchal, Henri de la Mothe-Houdancourt,
évêque de Rennes.
      M. de Tournon tint la main à ce que les obsèques de l'infortuné cour-
rier fussent célébrées avec décence. Les campanaires eurent l'ordre de
sonner le glas. Huit pauvres accompagnèrent le cercueil et reçurent chacun,
suivant l'ancien usage, une aune de drap noir. L'office funèbre fut chanté
avec dévotion dans l'église des Bénédictins du prieuré, avec le concours des
révérends pères Carmes de Tournon.


                                                     III

      Cependant, la nouvelle du décès de Benoît Démia était parvenue à
Bourg, et, le 17 février, Pierre Besson, châtelain royal, et François Perrin,
curial, vinrent apposer les scellés dans la maison de la rue Teynière.
      Claudine Carteron était une femme énergique. Surmontant sa douleur,
elle se mit en devoir d'accomplir le triste pèlerinage de Tain. Il lui tardait
d'aller prier sur la tombe de son mari et de régler, dans cette ville inconnue,
les affaires de la succession si brusquement ouverte. Sans s'effrayer de la
longueur de la route qu'elle pensait faire tout entière à cheval, elle fit
quérir, dès le 22 février, le poulain qu'elle comptait monter a . Mais elle dut
ajourner son départ, afin de régulariser la tutelle de ses enfants. En atten-
dant, Mathieu Nesme, drapier à Lyon et cousin du défunt, eut l'obligeance
de se rendre à Tain où il fit célébrer un premier service funèbre.
      Le 25 février, Jean-Claude Charbonnier, seigneur de Crangeac, lieu-
    1. Outre un Mémoire adressé à la régente, il y avait une lettre pour M. de Mauvinet, lieutenant du
Roi au gouvernement de Bellegarde ; une autre portant « la suscription en langage catellan : A Izidor
Puyollard y Graëll, agent del principe de Catta : y lieutae de Barcelona, en cour de Sa Magesta — per
Monsr Damya, Paris » ; enfin, des paquets de lettres pour Paris, Bourg et Bellegarde (On sait que La Mothe-
Houdancourt était gouverneur de cette dernière ville).
    2. « Le vinte deux de février mile six sant quarante trois, j'ay anvouïé Caron au Pon de Vau pour aller
quérir notre poulin pour aler a tain et lui ay donné pour faire sa depanse vintte quatre sou » (Livre de compte
de Claudine Carteron).