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aimable, point trop orgueilleux, assez doux. C'est ainsi, du moins, que le
jugeait le cardinal de Retz : « Le maréchal de La Mothe — écrit-il — avait
beaucoup de cœur. Il était capitaine de seconde classe ; il n'était pas homme
de bon sens. Il avait assez de douceur et de facilité dans la vie civile ; il était
très utile dans un parti, parce qu'il y était très commode »1.
     Son séjour en Bresse fut de courte durée. Au début de l'année 1641, il
partait pour l'Espagne, suivi par Démia. A la fin de janvier, il arrivait à
Barcelone où il prit le commandement des troupes qui, sous la haute direc-
tion du prince de Condé, venaient appuyer le mouvement séparatiste de la
Catalogne. Exaspérés par la politique violente d'Olivarès, ministre de Phi-
lippe IV, les Catalans s'étaient insurgés l'année précédente et venaient de
conclure un traité par lequel ils se donnaient à la France, sous réserve de
leurs privilèges particuliers. A la tête de 5.000 hommes, La Mothe-Hou-
dancourt remporta d'abord de brillants succès 3. Il en fut récompensé, en
1642, par le bâton de maréchal de France, la vice-royauté de Catalogne et
la duché-pairie de Cardona. Le protecteur de Démia devait cette rapide
fortune à sa bravoure et à ses victoires, sans doute, mais aussi aux protec-
teurs qu'il avait à la cour : le duc de Longueville, sous qui il avait servi en
Piémont, s'était pris d'amitié pour ce cadet d'une nombreuse famille au
point de le gratifier d'une pension ; il avait surtout l'appui du cardinal-
ministre Armand de Richelieu, son cousin, et de François Sublet de Noyers,
secrétaire d'Etat à la guerre, son parent et ami 3.
      Démia, que ses fonctions de secrétaire et d'intendant attachaient à la
personne du maréchal, accompagna son maître dans toutes ses expéditions.
Ce Bressan avisé ne négligeait pas, d'ailleurs, le soin de sa fortune : en
octobre 1641, il s'associait avec un sieur Ruynat pour fournir du pain de


     1. Il dit ailleurs : « Bon soldat, mais de très petit sens », incapable « de jamais jouer le premier person-
nage » (Œuvres du cardinal de Retz, II, 121, 338 et 384),
     2. M. Eugène Vial a publié dans la Revue d'Histoire de Lyon (année 1911, t. X, fasc. 2, pp. 103-129) une
intéressante étude sur le « Maréchal de La Mothe Houdancourt, prisonnier à Pierre-Scize ». On y trouvera
de précieuses références, notamment p. 106, note 5. Aux auteurs cités, nous ajouterons le Hérault françois
ou le Paranymphe de M. le maréchal de la Mothe-Houdancour, duc de Cardone, etc., publiant les batailles qu'il a
données en Italie et en Catalogne avec les mémorables actions de sa vie (Paris, Henault, 1649, in-4).
     3. De Noyers ou des Noyers (1578-1645) devait sa faveur auprès de Richelieu à un frère aîné du maré-
chal, Daniel de la Mothe-Houdancourt, évêque de Mende,