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â 137 â Le plus puissant des Etats libres d'Italie, Venise, avait dĂ©lĂ©guĂ© un ambassadeur, Marino Cavallo. L'Espagne et l'Empereur boudaient, mais le pape dĂ©clarait hautement ses sympathies pour ce mariage. Il aurait voulu donner lui-mĂȘme Ă Rome la bĂ©nĂ©diction nuptiale, mais « son bon dĂ©sir, pour quelques raisons, ne pouvant estre effectuĂ© », il envoya son neveu, le cardinal Aldobrandini, pour recevoir les promesses sacramen- telles ou, comme on dit, les « paroles de prĂ©sent », et consacrer l'union. Le lĂ©gat, dont la suite montait Ă plus de mille personnes, fit son entrĂ©e (4 octobre) Ă Florence « en grande pompe et solennitĂ© ». En un dĂ©filĂ© pittoresque passĂšrent les moines de tous ordres et de toutes robes, le clergĂ© sĂ©culier, les appariteurs et les ministres de la ville, cinquante che- valiers cuirassĂ©s, casquĂ©s, vĂȘtus de saies rouges ; des trompettes et des archers ; les gentilshommes florentins et romains, « tous bien en conche et magnifiquement habillĂ©s », et, rompant l'ordre de prĂ©sĂ©ance, au centre du cortĂšge, vingt-et-un mulets chargĂ©s des chambres, cabinets, garde- robes et offices du cardinal, son cheval menĂ© par des estaffiers et tout capa- raçonnĂ© de velours rouge, enfin les prĂ©lats de l'Eglise, six jeunes barons romains des plus grandes familles, et le LĂ©gat lui-mĂȘme, en vĂȘtements pontificaux, Ă cheval sous un poĂȘle que portaient huit jeunes gentilshom- mes florentins, ayant Ă sa gauche le Grand Duc, et suivi de seize Ă©vĂȘques ou dignitaires de la cour romaine. Cinquante hallebardiers nobles de la compagnie colonelle du Grand Duc fermaient la marche. Le mariage eut lieu le lende main Ă Santa Maria del Fiore, la cathĂ©- drale. Le Français qui en a rĂ©digĂ© le rĂ©cit officiel â probablement un do- mestique (au sens ancien du mot) du duc de Bellegarde â expĂ©die la cĂ©rĂ©monie nuptiale. Il se borne Ă dire que « les espousailles furent cĂ©lĂ©brĂ©es vraiment Ă la royale », sans prĂ©ciser ce qu'il entend par lĂ . Le LĂ©gat dit la messe; il trĂŽnait dans une chaire sous un dais de drap d'or rehaussĂ© de trois degrĂ©s et tapissĂ© en bas de velours cramoisi. Marie de MĂ©dicis, con- duite par le Grand Ecuyer de France, «s'alla mestre Ă main droite du prĂ©lat, le Grand Duc Ă gauche. « Le Grand Duc prĂ©senta la procuration qu'il avait pour espouser la reyne au nom du Roy ; elle fut leue par deux prĂ©lats ; puis aussi celle