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et, de retour, il put annoncer à ses collègues que « cette grande nouvelle
avait été reçue au milieu des acclamations du plus vif enthousiasme ».
      Le 3 prairial, le général Montchoisy, en rendant compte au ministre de
la guerre des troubles de l'avant-veille, lui faisait connaître quelles mesures
il avait prises pour assurer l'ordre et la tranquillité qui s'en était suivie.
« Trois rapporteurs militaires — ajoutait-il — sont nommés pour recueillir
toutes les plaintes et tous les détails sur la journée du Ier prairial. Un conseil
militaire sera assemblé dès qu'ils annonceront être suffisamment instruits,
et, en séance publique, on prononcera sur la peine à porter contre ceux
qui seront déclarés coupables ». Mais il sentait que la passion jacobine
s'agitait dans l'ombre contre lui et que les « exclusifs » s'apprêtaient à tirer
vengeance de la déconvenue que sa prudence et son énergie leur avait fait
éprouver. Son rapport se terminait par la courageuse déclaration suivante
dont la fin est tout à l'honneur de celui qui l'a signée :
      « Des malveillants peut-être, Citoyen Ministre, et qui, partisans des
crimes qu'on devait commettre à Paris x, auraient voulu que la même scène
d'horreur eût pu avoir lieu à Lyon, ne manqueront point de trouver mau-
vais que je n'aye pas fait couler le sang avec profusion, en repoussant par la
force cette masse de rassemblement. Quelles que soient leurs réflexions à ce
sujet, je m'applaudis d'avoir rétabli l'ordre sans faire couler le sang, et, si
les scélérats m'improuvent, les, autorités constituées et la masse des honnê-
tes gens me rendront, j'espère, la justice que je crois mériter ».
      Les « scélérats » ne furent, hélas! pas les seuls à agir, et, grâce aux
complicités que nous allons mettre en lumière, ils ne tardèrent pas à obtenir
du Directoire une mesure qui comblait leurs vœux.
      Le soir même du I er prairial, le commissaire du Directoire exécutif, le
citoyen Paul Cayre, lequel n'avait jamais cessé d'avoir une attitude équi-
voque à l'égard du général Montchoisy, tentait, dans une lettre qu'il adres-
sait à celui-ci, de donner le change sur les événements du matin. Il com-
mençait, sans perdre une minute, à émettre d'une manière détournée l'opi-
nion, dont d'autres devaient tirer parti avec moins de retenue, que la res-
ponsabilité du conflit incombait aux contre-révolutionnaires, contre les

   i. Allusion à la conspiration de Babeuf.