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      langage courant de l'époque, on appelait des « Mathevons » devait forcé-
      ment amener quelques conflits. Deux individus notoirement désignés
      comme tels et connus pour être des « informateurs secrets », eurent l'impru-
      dence ou la témérité de se montrer de façon ostensible près des Terreaux.
      L'un d'eux, un nommé Robat, officier réformé, tenancier d'un café situé
      quai Saint-Clair où se réunissaient les anciens terroristes, fut rencontré rue
      de la Cage I, à l'extrémité de la rue Lanterne, par quelques jeunes gens
      exaltés. Il fut accueilli par des huées et des menaces. Eut-il raison de croire
      son existence menacée et voulut-il simplement se défendre? C'est fort
      vraisemblable. Il sortit de sa gaine un poignard dont il était porteur : on se
      précipita sur lui, on lui arracha la lame des mains et on la retourna contre
      lui. Mortellement atteint, le malheureux Robat ne tarda pas à rendre le
      dernier soupir, pendant que ses meurtriers se dispersaient sans que nul
      osât les poursuivre. Un peu plus tard, et dans des circonstances à peu près
      identiques, un nouveau meurtre était commis à la montée de la Glacière.
      Un nommé Bergeret, connu également pour ses opinions avancées, était
fM}   rencontré par une bande d'énergumènes, les mêmes peut-être qui avaient
      assassiné Robat. Il avait à peine eu le temps d'exhiber son pistolet qu'il
      tombait atteint d'un coup de feu.
            Ces deux attentats isolés furent les seuls de caractère grave qui se pro-
      duisirent. Nier qu'ils procédaient de l'événement du matin et qu'ils étaient
      dus en grande partie à l'exaspération dangereuse provoquée par cet événe-
      ment, serait méconnaître l'évidence. Mais ils ne constituaient pas des faits
      extraordinaires pour l'époque. Tout le monde sait — et il semble presque •
      superflu de le répéter — qu'après Thermidor et pendant plusieurs des
      annéeu qui suivirent, un nombre impossible à détailler maintenant d'atten-
      tats, de cette nature sema l'effroi et le deuil dans la ville de Lyon. Dès le
      lendemain, on s'efforça cependant de donner un retentissement exception-
      nel aux meurtres de Robat et de Bergeret, en passant presque sous silence
      le meurtre non moins repréhensible qui en avait été comme la préface,
      celui du chapelier Rollet. Et nous allons voir comment la passion politique
      tira parti d'un événement qui semblait s'être produit à point nommé

         I. Rue de Constantine actuelle.