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         Le château de Pierre-Scize, dont on a plusieurs vues gravées, s'élevait sur
   un rocher à pic, au bas duquel était construite une des portes de la ville. Plus loin,
   et à la suite des fortifications de l'ouest, s'ouvrait la porte dite de Vaise, et surmontée
   de l'inscription suivante :
                                      UN DIEU, UN ROY.
                                     UNE FOY, UNE LOY.
                                             1589.

         J'ai dit qu'antérieurement au pont Morand, il existait, sur le Rhône, deux
   bacs à traille. Leur suppression, qui causait un préjudice considérable à l'Hôtel-
   Dieu, éprouva beaucoup d'opposition et partagea la ville en deux opinions qui se
   manifestèrent avec violence, l'une en faveur de l'Hôtel-Dieu, l'autre en faveur de
   l'établissement du pont. Il en résulta des mémoires, des pamphlets, des procès.
   L'administration de l'Hôtel-Dieu, dans la vue de nuire à l'entreprise du pont, fit
   construire une maison au bout de l'avenue qui devait y conduire. Le public nomma
   ce bâtiment Hôtel de la Vengeance ; il a été brûlé pendant le siège de 1793.
        Sur la place de la Charité, existait et existe encore l'église et les bâtiments
   de cet hospice. Vis-à-vis, au nord, on ne voyait que des masures, près desquelles
   s'ouvrait une rue nommée Basse-Braye, allant de la place à la rue de la Barre.
   Cette rue n'était guère habitée que par des tripiers.
        A la place du quai Monsieur, s'élevait une muraille dont le pied baignait dans
  l'eau ; au bout de la place, ce mur formait une terrasse, et une barrière en fer le
  couronnait. Le quai, tel qu'il est aujourd'hui, est entièrement pris sur l'ancien lit
  du Rhône. Il est, ainsi que les bâtiments au nord de la place, l'œuvre de M. Rigaud
  de Terrebasse.
        Devant les bâtiments de la Charité, sur le quai actuel, se déroulait une voie
. pavée. Du côté du fleuve, un mur de deux ou trois toises d'élévation, soutenait une
  promenade ou boulevard, planté de quelques vieux arbres ; j'ignore quelle en
  était la longueur.
        Les Brotteaux formaient une vaste plaine couverte de prés et de quelques
  terres labourables. Cette plaine appartenait, je crois, en totalité, à l'Hôtel-Dieu,
  et ne contenait, autant qu'il m'en souvient, que deux habitations, la Tête-d'Or
  et la Part-Dieu, desservies l'une et l'autre par des sœurs de l'hôpital et des culti-
  vateurs. La Tête-d'Or formait un but de promenade où l'on trouvait une espèce
  de restaurant. Le don fait de la Part-Dieu à l'hospice y interdisait la vente du vin ;
  on n'y allait guère que pour boire du lait. En résumé, les Brotteaux étaient peu
  fréquentés ; plus tard seulement on y établit, près du Rhône, des jeux de bagues,
  de boules et quelques guinguettes.
        Le Rhône, tournant tout-à-coup à droite devant les remparts d'Ainay, venait
  se réunir à la Saône en face de la maison qui porte encore le nom de Quarantaine.
  Le long des Etroits était un chemin accessible tout au plus aux gens de pied. Devant
  ce même chemin des Etroits, on amarrait des moulins à farine qui occasionnaient