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A la suite du décès de celui-ci, cet hôtel avait passé entre les mains de Jean-
François Tolozan, avocat du roi en la sénéchaussée et présidial de Lyonc
dont le frère Louis devait être le dernier prévôt des marchands de la
ville. Sous le prétexte que les nouveaux immeubles projetés gêneraient
la vue superbe dont on jouissait de son hôtel et par conséquent le dépré-
cieraient, François Tolozan s'opposa judiciairement à leur construction.
D'un autre côté, l'abbesse du monastère des dames de Saint-Pierre,
Françoise de Mélien, prétendit que le Consulat n'avait aucunement le
droit de disposer des terrains concédés. Son couvent possédait, en effet,
sur les bords du Rhône, le tènement de la Carrette, au-delà du bastion
Saint-Clair, mais il prétendait avoir en outre des droits sur tous les ter-
rains riverains du fleuve et sur quelques îlots. Grâce à l'habileté de Soufflot
et au crédit dont il jouissait à la cour, la compagnie eut gain de cause
dans les deux procès. Tolozan, débouté, malgré le tort évident que devaient
causer à son immeuble les nouvelles constructions, fut condamné à tous
les frais ; quant aux dames de Saint-Pierre, elles virent leurs droits
réservés, mais les concessionnaires autorisés à passer outre et à conti-
nuer leurs travaux. Cependant, le résultat de ce dernier procès fut que
la compagnie abandonna une partie de son plan et que la transforma-
tion de ce quartier, qui devait s'étendre jusqu'au rempart, ne dépassa
pas l'actuelle place Saint-Clair.
      Le premier immeuble construit fut la maison Milanais, à l'angle du
quai et du pont Saint-Clair ; elle devait être détruite par un incendie
certain dimanche d'il y a cinquante ans. Après la maison Milanais s'éleva
la maison Munet, dans l'îlot compris entre les rues Royale, Dauphine
et des Feuillants. La forme curieuse de cette construction lui fit donner
le nom de maison du clavecin. Soufflot et Morand, malgré leurs grands
talents personnels, firent appel aux meilleurs architectes lyonnais pour
l'élaboration des plans de leurs, immeubles, aussi l'ensemble du quar-
tier de Saint-Clair constitue-t-il un merveilleux ensemble composéMes
plus beaux types de l'architecture lyonnaise du dix-huitième siècle.
      Les revendications des dames de Saint-Pierre ayant obligé les con-
 cessionnaires à réduire l'étendue de leurs projets, les quelques maisons
 qu'ils construisirent ne pouvaient donner qu'une faible satisfaction aux