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— 408 — Au verso du titre se voit un avertissement au « lecteur bénévole » et à la « gentille lectrice » et cet avertissement est également signé Pétrus Borel. Cette contrefaçon, comme beaucoup d'ouvrages de ce genre, est insipide et sans style. Tout porte à croire cependant qu'elle a été plus souvent lue que l'ouvrage authentique, et qu'elle n'a pas peu contribué à parfaire la réputation d'immoralité de l'honnête Pétrus. E] Enfin, dernière injustice, Jules Janin, dans un article des Débats, assimile Madame Putiphar aux œuvres du marquis de Sade ! On se demande par quelle aberration ? Janin n'avait-il jamais lu Justine, ou, plus vraisem- blablement n'avait-il pas coupé les pages du roman de Borel ? Le souvenir du cruel marquis s'était-il déjà imposé à son esprit à la lecture du livre précédent de Pétrus, Champavert, contes immoraux} Certes, il y a dans les contes assemblés sous ce titre beaucoup de sang, d'égorgements, d'infanticides, de poitrines crevées, de ventres étripés, de victimes disséquées, de cadavres au fond des puits. Mais quelle tendre fillette n'a lu, à la veille de sa première communion, un autre livre où les enfants sont poignardés par demi-douzaine et mis à la broche, où sept femmes sont successivement égorgées pour avoir voulu regarder dans une armoire? Les histoires de Pétrus Borel sont moins amères, plus mal écrites, mais tout aussi anodines que les contes de Perrault. il Car tout porte à croire que Borel fut d'un naturel pacifique, comme Viterbi, Viterbi le vieillard Homme doux dont le bras ne poignarda personne. (Rapsodies, p. 29). et, bien que le frontispice de son volume de vers le montre assis à une table, les bras demi-nus, « le temporal orné du bonnet de Phrygie » et con-