page suivante »
_. 43 — suivant ». Il ressort encore d'autres documents, conservés au Musée Plantin, que l'architypographe du roi d'Espagne réglait des comptes avec Granjon « en la foire de Francfort de pasques a0 1570 ». Il n'est pas sans intérêt d'observer que les documents que nous venons de citer prouvent qu'à plusieurs reprises Plantin paya Granjon en livres. Cela donna lieu à des abus. Gilles Beys, gendre de Plantin, qui dirigeait la succursale de la maison anversoise à Paris, croyait avoir le monopole de la vente des éditions plantiniennes, mais à son grand déplaisir il constata que d'autres libraires français en avaient également un grand nombre. Il s'en plaignit à Plantin. Celui-ci lui répondit dans une lettre datée du 31 juillet 1567 que ces livres ne pouvaient provenir que de Granjon et il se promit bien de limiter à l'avenir les payements en livres. Voici le passage le plus saillant de cette lettre : « Et faut davan- tage qu'entendiés que je ne puis pas honnestement ne commodément esconduire ou nier nos livres à ceux de qui nous en prenons, ainsi comme avons faict dudict Sylvius. Parquoy faut porter patientement ce qu'ils font de nosdicts livres qu'ils prennent en payement. Mais tenés vous asseuré que tels marchés ne quantités se bailleront doresnavant, comme je fis à Grandion qui m'a abusé, comme je vous ay mandé passé long- temps (1) ». Mais revenons aux caractères de civilité. Plantin possédait donc en dehors des caractères du Dialogue de la Vie et de la Mort (1557), employés par lui pour la première fois dans VA. B. C. ou Instruction Chrestienne (1558) (2), encore deux autres types de civilité taillés par le même maître lyonnais. Le plus gros des deux derniers types est facile à identifier grâce à la Copie de l'inventaire des lettres de l'Imprimerie de Christophle Plantin Architypographe du Roy. Lequel a esté mis en tel ordre (comme sera spécifié cy après) au Moys de May en l'an de grâce 1575, document manuscrit conservé au Musée Plantin (3). (1) Correspondance de Plantin, I, p. 154 (Edition des Bibliophiles anversois, Musée Plantin). (2) C'est avec ces mêmes caractères de civilité Granjon que Plantin imprima les Statuts et Articles d'ordre intérieur pour les ouvriers de ses ateliers. Le Musée Plantin en conserve quelques spécimens. (3) Ce même inventaire signale encore plusieurs autres types de lettres du maître lyonnais : « l'Ascen- donica eursive de Granjon », la « Syriacque de Granjon », et la « Petite Musique sur le gros texte de Granjon ».