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— 380 — en surenchérissant plus que toutes les sociétés concurrentes ; puis que, maître ensuite du marché, elle avait demandé et obtenu de l'Etat, au mépris de toute justice, une réduction sur le prix du fermage 47. Cicéron en une phrase très nette caractérise la puissance de cette société. Les termes dont il se sert sont à noter : « Cette société par l'ordre auquel elle appartient et la qualité des hommes qui la composent consti- tue une partie très importante de la cité, maxima pars civitatis 48.- elle groupe, en effet, toutes les autres sociétés ». Combien cette constatation se trouve vérifiée par l'impuissance où se trouva Cicéron de réagir contre les habitudes prises 49. Cicéron ne nous donne les noms que d'un petit nombre de publi- cains, quoiqu'ils fussent assurément très nombreux (chaque société comportant un magister à Rome et un pro-magistro en province). Voici ceux que nous connaissons : 1. Le magister de la Societas Bithyniae était P. Rupilius P. f. Men [enia tribuj, sur lequel nous n'avons pas d'autre renseignement 50, 2. Lepro magistro de la Societas scripturae était P. Terentius Hispo si. Nous savons seulement qu'il était très lié avec Cicéron ; c'est par lui que Cicéron apprit que le fils de Quintus se proposait de parler contre lui devant César. 3. Parmi le personnel provincial de la société de Bithynie, Cicéron nous fait connaître Cn. Pupius, sans nous dire quelle fonction il y rem- plissait (qui est in operis ejus societatis ^). C'est le seul renseignement que nous ayons sur ce personnage. Deux points sont à noter. Sans parler de l'entente entre publicani et (47) Voici l'indication des textes sur cette affaire de réduction : Att. 1,17. — 1,18. — II, 1. — Suétone, Caes. 30. (48) Quae societas [ordine] ipso hominum génère pars est maxima civitatis : constat enim ex ceteris socie- tatibus. Fam. XIII, 9. (49) Cette impuissance se marque d'autant mieux qu'au début de son proconsulat, Cicéron prit des. mesures très énergiques pour arrêter le mal, malgré toutes les suggestions ; pendant quelques mois son administration fut très honorable et courageuse. Mais, à la fin de son gouvernement, il laisse tout aller, et va jusqu'à confier l'intérim du pouvoir à son jeune légat C. Caelius Caldus, qui venait d'arriver. (50) Fam. XIII, 9. (51) Fam. XIII, 6y. — Att. XI, 10. (52) Fam. XIII, g.