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petite rue des Feuillants. A la suite de ce couvent existaient plusieurs maisons lui
appartenant, à ce que je crois, et qui se prolongeaient jusqu'à l'angle de la place
Croix-Pâquet : le séminaire ou ses propriétés faisaient l'autre angle de cette place.
Au-delà s'élevaient de chétives constructions appartenant au séminaire, et terminées
par la chapelle des Pénitents-de-la-Croix. La rue des Deux-Angles était un quai,
au bas duquel une saulée que les crues ordinaires du Rhône inondaient, et où l'on
construisait des bateaux.
      Ce quai était terminé par un énorme bastion, situé à l'extrémité du mur de
la ville qui aboutissait au bureau actuel de l'octroi.
      Ce bastion très grand et voûté avait son entrée du côté de la ville ; une brèche
du côté de la campagne permettait de descendre rapidement au Rhône, et lorsque
les eaux étaient basses, un sentier conduisait jusqu'à la Boucle. Là, une hôtellerie
ou cabaret hébergeait les mariniers du Haut-Rhône. Les bateaux de descente s'arrê-
taient près de cet endroit et se niaient avec des cordages pour aborder, opération
d'autant plus difficile que beaucoup de moulins étaient amarrés à la rive.
      Quand on démolit le bastion, M. Rater, architecte, l'un des constructeurs les
plus actifs du quartier Saint-Clair, projeta et exécuta la route du bord du fleuve ;
on la nomma d'abord chemin Rater, ensuite chemin St-Clair ; c'est aujourd'hui
le beau cours d'Herbouville.
      Le rivage de la Saône, en Serin, était également dépourvu de quai et de route.
Pour sortir de la ville, et aller dans la Bresse, les voitures n'avaient d'issue que par
les montées de St-Sébastien et des Carmélites. Celle de la Grand'Côte n'était alors,
comme aujourd'hui, pratiquable qu'aux gens à pied et aux bêtes de somme.
      On ne pouvait aller de Lyon à la Croix-Rousse que par une seule porte, ouvrant
sur la place des Bernardines. On passait sous un énorme bastion à l'issue duquel
un pont-levis était jeté sur le fossé des fortifications. La ville avait, de ce côté,
une ceinture de murs, de courtines, de bastions et de demi-lunes, qui s'étendait
des bords du Rhône à ceux de la Saône.
      Les fossés et les chemins couverts étaient fréquentés par les joueurs de mail,
alors très nombreux à Lyon.
      Il n'y avait sur le Rhône que le seul pont de la Guillotière. La communication
avec les Brotteaux se faisait encore au moyen de deux bacs à traille, l'un où est le
pont Morand, l'autre où est le pont de Charles-X : ces bacs appartenaient à l'Hôtel-
Dieu.
      Au pont de la Guillotière, à l'amont, était une chapelle sous le vocable du
St-Esprit. Dans cette chapelle, on avait suspendu un crocodile qu'une tradition
populaire disait avoir été pris dans le Rhône. Ce crocodile est encore suspendu sous
le grand dôme de l'Hôtel-Dieu. A l'époque de la Pentecôte, une foire se tenait sur
le quai, au-devant de l'Hôtel-Dieu.
      La ville était confinée au-delà d'Ainay par un rempart qu'une porte fermait
à l'entrée du quai d'Occident. Je crois que cette porte a été démolie après le siège
de Lyon.