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                                                  LA

  POLITIQUE ÉCONOMIQUE DE ROME
                                   EN ASIE-MINEURE
                 AU Ie1 SIÈCLE AVANT NOTRE ÈRE (*)


     Tant que la civilisation était demeurée simple dans ses goûts, et
les Romains mesurés dans leurs dépenses, l'exportation et l'importation
n'eurent pas une importance capitale dans la vie économique des Latins.
Les peuples commerçants — Grecs ou Phéniciens — se chargeaient d'ame-
ner sur les côtes d'Italie les produits d'une industrie savante, ou d'aller
dans les régions encore barbares échanger contre les objets manufacturés
les matières premières que ces régions pouvaient offrir. C'est cet état
de choses que César rencontra en Gaule et que son récit laisse entrevoir.
César nous parle à maintes reprises de ces mercatores, qui sur tous les
points du territoire ont devancé l'armée romaine. Leur besogne était
malaisée : il fallait d'abord franchir les Alpes, ce qui n'allait pas sans
danger ; ils y frayèrent néanmoins le passage qu'à leur suite César s'ouvrit
dans la montagne *. Déjà, dans les cols, les divers peuples percevaient
des péages onéreux 3 : ces droits à payer pour les marchandises qu'ils
transportaient, les mercatores devaient les acquitter à chaque groupement
local 3. Les difficultés se présentaient à chaque pas ; si telle population
recevait avec bienveillance ces commerçants étrangers 4, telle autre ne

     (*) Cette étude, composée avant la guerre, était entièrement écrite lorsque parut la thèse de Hatz-
feld, les Trafiquants italiens dans l'Orient hellénique, Paris, de Boccard, 1919. Cet ouvrage analyse les
mêmes textes que cet article et, avec beaucoup plus d'étendue et de pénétration, présente un tableau
complet de la vie des négotiatores latins en Asie-Mineure. Toutefois, nous croyons que notre travail ne
fait pas double emploi : il s'agit pour nous, en mettant en Å“uvre des textes, de montrer sur le vif une
politique économique et des combinaisons d'intérêts qu'un Français, en 1931, peut méditer avec profit.
     (1) César, en partant pour l'Italie, envoie Servius Galba dans le pays des Nantuates, des Veragres
et des Séduniens, voisins des AUobroges. Causa mittendi fuit, ajoute César, quod iter per Alpes, quo magno
cum periculo magnisque cum portoriis mercatores ire consuerant, patefieri volebat. Ces. Bell. gall. III, 1.
     (3) Cf. texte précédent : Magnis cum portoriis.
     (3) César parle de Dumnorix qui avait affermé les portoria du pays des Eduens (Ibid. I, 18).
     (4) Comme les Ubii (Ibid. IV, 3) ou les Suèves (Ibid. IV, a).