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      En même temps que Colbert dirigeait son activité vers l'Extrême-
 Orient, il s'efforçait de développer l'influence française en Amérique. Il
reprenait en cela la politique de Richelieu, qui avait chassé les Espagnols
de plusieurs îles des Antilles et avait permis l'installation des Français
à Saint-Christophe, la Guadeloupe, la Martinique, Saint-Domingue et
à la Guyane. Au moment où Louis XIV montait sur le trône, le domaine
colonial de la France s'étendait aussi dans les Indes occidentales sur la
Nouvelle-France et l'Acadie, mais les trois compagnies créées sous
Louis XIII étaient en pleine décadence : la Compagnie des Iles d'Amérique
qui datait de 1626 avait été cédée à l'Ordre de Malte. Celle de la Nouvelle-
France, créée en 1628, et celle de la France Equinoxiale (région comprise
entre l'Orénoque et l'Amazone, principalement la côte de la Guyane)
furent achetées par Colbert et il en forma la Compagnie des Indes occi-
dentales d'Afrique pour y faire la traite des nègres destinés à l'Amérique.
Mais elle périclita vite et dura à peine dix ans, ayant dû entre temps
renoncer à son monopole du commerce en 1668 pour se réserver seulement
la traite ; en 1674 son privilège est révoqué et son capital réparti entre
les actionnaires. Ainsi que l'a fait remarquer M. Weber (1) les colonies
américaines étaient créées, organisées, capables d'entretenir elles-mêmes
des relations régulières avec la mère-patrie, et les priver de la liberté
commerciale au profit d'une compagnie à monopole ne pouvait que nuire
à leur développement et à leur prospérité. L'erreur de Colbert fut donc
d'essayer de leur appliquer un régime qui convenait très bien à des con-
trées neuves comme Madagascar, l'Inde et la Chine, mais qui était incom-
patible avec les intérêts de colonies déjà en pleine activité.
     Outre ces grandes compagnies, d'autres de moindre importance se
partageaient, à la fin du xvne siècle, le commerce colonial de la France :
la Compagnie d'Afrique ou du Bastion de France, qui faisait le trafic du
corail avec la côte algérienne, la Compagnie de Barbarie pour le commerce
sur cette côte, la Compagnie du Sénégal qui avait le monopole de la four-
niture des nègres aux îles françaises d'Amérique, la Compagnie de Guinée,
dont le domaine pour le commerce des nègres et de la poudre d'or s'éten-

   (1) Cf. H. Weber, la Compagnie française des Indes, Paris, A. Rousseau, 1904, p. 285.