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SA VIE ET SON ŒUVRE 429 J.-B. Dumas, membre de l'Académie de Lyon, a fait le portrait suivant de Chinard. « Chinard était grand et fort, il avait les cheveux touffus, noirs et bouclés ; les yeux, ces organes de l'âme, étaient ouverts et ardents ; ses traits quoique irréguliers, lui composaient une figure d'un grand caractère, et semblaient respirer le génie. C'était, suivant l'expression vulgaire et juste, une véritable tête d'artiste. Il a. conservé longtemps tous les penchants, toutes les passions de la jeunesse. Je l'ai vu se livrer avec transport, dans un âge déjà mûr, aux folâtres exercices de Therpsychore, et comme les Muses et les Arts ne faisaient qu'une famille, Chinard eut Talma pour ami, et de faibles essais dans l'art des Roscius s'étaient conciliés dans sa première jeunesse avec les travaux impor- tants qui assurèrent ses triomphes dans la carrière des Scopas et des Athénodore. Sa conversation était enjouée, variée, pleine de saillies et de traits heureux; personne ne contait avec plus de tact et d'originalité d'expression. Sans être homme du monde, il savait plaire et commander l'attention dans les sociétés les plus choisies. Les savants, les hommes de lettres, les artistes, ont eu plus particuliè- rement l'occasion de le juger, et l'ont admiré souvent dans leurs réunions chez cette dame aimable que son goût éclairé, sa fortune et son rang classaient parmi les amateurs, mais qui, émule de son maître, douée de beaucoup de finesse et de facilité de composition, modelant avec autant de grâce que de succès, pourrait se placer sans peine au premier rang des gens de l'art. » Chinard avait formé plusieurs élèves dont les plus connus sont : Prost, qui le suivit à Rome et à Carrare ; Legendre- Héral; Vietty ; Foyattier; Guillot et Bellet, peintre et