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416              JOSEPH CHINARD, SCULPTEUR

    Lorsqu'on plaça dans l'église Saint-Nizier la statue de
saint Pothin, Chinard, qui était présent, se retira sans donner
des gratifications aux porteurs. Après son départ ceux-ci le
traitèrent de vieux avare, etc. Plusieurs personnes de sa
connaissance le qualifiaient de même.
    Ces faits prouvent qu'ayant été pauvre, il appréciait la
valeur de l'argent. Mais on n'en cite aucun qui puisse porter
atteinte à sa réputation et à son honneur, et il a toujours
 été bien vu et considéré par les personnes qui étaient en
rapport avec lui.
    Chinard était lié avec le médecin Stanislas Gilibert, fils
 de Jean-Emmanuel Gilibert, qui ayant été nommé maire
de Lyon en 1793, mis en prison et obligé de s'expatrier, se
réfugia en Pologne et fut nommé médecin du roi Stanislas.
    L'artiste qui ne demandait qu'à travailler et à augmenter
ses revenus, lui dit un jour, en 1809 : « Ciuelle belle figure
vous avez, c'est une figure sculpturale, il ne faut pas qu'elle
soit perdue pour l'histoire. » Il ajouta : « Et Mm= Gilibert ! elle
a une figure superbe, il faut que ses traits soient conservés
à la postérité. Vous devriez les faire reproduire ainsi que
les vôtres. Si vous voulez, je me chargerai de ce soin, et
vous serez content de mon travail. »
   Gilibert charmé du discours qu'il venait d'entendre,
consentit volontiers à faire ce qu'on lui demandait, et posa
devant l'artiste ainsi que sa femme. Quelque temps après,
les deux portraits en médaillons, bien exécutés et très
ressemblants, furent envoyés au docteur qui en fut très
satisfait, et fit ainsi que sa femme, de vifs remerciements à
Chinard, qu'il renouvela à plusieurs reprises. Au bout d'un
certain temps, l'artiste envoya à Gilibert une note s'élevant,
dit-on, à 3,000 francs, pour la confection de ces deux
médaillons. Le docteur qui croyait avoir reçu un cadeau
fut surpiis désagréablement, mais s'empressa de payer.