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               LETTRRS DE L'ÉCOLE NORMALE                4O7

Tuileries, ne verront pas comme eux la misère du cachot
succéder au luxe des petits appartements, le meurtrier
remplacer le roi !...
   Mon cher ami, la licence, la terrible licence qui s'ap-
proche ! Je vous arriverai le samedi ; lorsque tout sera fini,
car nous serons six jours pleins sur les épines. Pense un
peu à moi, prie pour moi et parles-en souvent à ma mère.
   On propose maintenant à la chambre un projet d'admi-
nistration des Postes qui m'irait assez bien, ce serait de
de réduire les prix pour tous les cantons de la France,
quelle que fut leur distance, à 4 sous. On compte que cela
donnerait à la correspondance une grande activité, et
qu'ainsi on se rattraperait et au-delà sur la quantité. Ce
serait bien commode pour nous, car il faut avouer que
14 sous c'est bien cher. Je crois que cette réforme serait
extrêmement utile, et alors nos moyens nous permettraient de
nous écrire tant que nous voudrions pour la moindre
occasion.
   Mon cher ami, embrasse bien pour moi toutes mes
tantes ; j'ai bien peur qu'elles ne me croient orgueil-
leux de ne pas leur avoir écrit: disculpe-moi auprès d'elles,
raconte-leur la terrible position dans laquelle je suis, et
dis-leur bien que tout n'est pas de roses à l'école. Cepen-
dant, il ne faut pas exagérer, elle a bien aussi quelques
douceurs. Nous avons un moment délicieux dans la jour-
née, c'est une récréation de trois quarts d'heures, entre
huit heures et huit heures trois quarts du soir que nous
passons dans la cour. Il commence à faire nuit, le frais
descend peu à peu, et en nous promenant sous les arbres,
nous faisons de grands chœurs qui ont bien leur mérite.
Je t'ai déjà dit que je suis le musicien en chef. L'année pro-
chaine, je compte bien rouvrir mon école, et on m'y a déjÃ