page suivante »
LES AGENCES MATRIMONIALES 367 Le bon jeune homme qui se présente doit prendre sa part du colloque suivant : — Vous arrivez trop tard, nous venons justement de trou- ver un mari à la jeune fille aux onze cent mille francs, mais nous avons de nombreux assortiments et nous pouvons vous offrir quelque chose de bien. — Merci, j'en tenais pour cette jeune fille. — Vous ne la connaissiez pas ! — C'est précisément pour cela, je m'étais fait à l'idée de la petite tache. — Oh, bien petite en effet... l'enfant n'a pas vécu ! Le bon jeune homme esquisse une grimace et veut se retirer, on l'engage à rester, on lui fait passer en revue tout un escadron de dames, dont quelques-unes furent jolies au moment de la guerre de 1870, il est pris dans l'engrenage, et bon gré, mal gré, il sera pourvu d'une moitié quelconque d'une beauté douteuse et d'une fortune plus douteuse encore, malgré son fervent désir de n'épouser que la demoi- selle ravissante et riche promise par la réclame. Je me suis souvent demandé par quelle ironie du sort, des demoiselles ou veuves accablées de millions et générale- ment peu exigeantes, se trouvaient réduites à demander aux agences des époux qu'elles trouveraient facilement dans leur entourage. Par contre, je ne suis pas moins surpris de voir des messieurs très riches et pétris d'honorabilité, réclamer — par la voie de la Presse —.des demoiselles sans dots : comme si cela était chose rare chez nous et ailleurs! La classe des originaux fournit un fort contingent aux annonces matrimoniales.