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PEINTRE ET TAILLEUR D'HISTOIRES 269 ces grotesques, simples et légers, que le petit Bernard a connus. Bernard Salomon s'est plu, comme Dominique, à reproduire les compositions de ce genre, ainsi que c es figures d'une sveltesse outrée, que le Rosso et le Primatice jugeaient si décoratives. Androuet Du Cerceau n'a fait que conserver, dans son livre des Grotesques, les ouvrages des peintres de Fontainebleau au temps du Primatice. Il n'y a pas de forme de décoration que Bernard Salomon ne se soit appropriée par le tour nouveau qu'il lui a donné. On sait quels encadrements com- posés de sujets qui rappellent les songes drolatiques de Pantagruel il a imaginés pour la Métamorphose d'Ovide figurée et dont Jean de Tournes s'est servi pour d'au- tres ouvrages et entre autres pour le Thésaurus ami- corum. Le livre fameux de Rabelais avait frappé le libre esprit du petit Bernard. Celui-ci a repris un mode d'ornement que Jean de Gourmont, graveur accompli et original, à demi lyon- nais, avait mis au jour en 1545. Les moresques sont un ressouvenir du dessin des incrustations italiennes, et ce dessin avait été fait à l'imitation d'une des ornementations propres à l'art byzantin ou arabe. Tou- tefois Jean de Gourmont l'a emporté sur Bernard Salomon pour la pureté, l'enchevêtrement harmonieux et la netteté. Les dessins de Bernard Salomon, variés à l'infini, toujours d'un jet vigoureux, ont eu toutes sortes d'ap- plications; nous en avons la preuve dans les comptes, et nous savons par là comme ce maître était prêt à accomplir tous les travaux. Il avait un talent plus large et une valeur plus haute que ceux qu'on lui a