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              PEINTRE ET TAILLEUR D'HISTOIRES                   265

 confusion. La distribution fort adroite des ombres est
 un des caractères du travail. Les ombres diminuent
 progressivement depuis le premier plan jusqu'à l'horizon,
 et les plans à l'horizon faiblement indiqués paraissent
 d'autant plus éloignés qu'ils sont en pleine clarté. La
 perspective gagne à cet artifice. Les arbres ont leurs
 singularités : on en voit souvent aux troncs noueux,
aux longues branches pendantes et effilées ( i ) . Les
rochers ont un aspect étrange. Les monuments et
les édifices appartiennent à un autre temps ; leur
architecture est toute de convention ; elle a été ins-
pirée par les souvenirs de temps antiques.
    Il est à remarquer que, à raison de la petitesse des
figures et l'effet d'ensemble étant son principal objet,
 Bernard Salomon n'a pas cherché a. donner aux visages
une vive expression.
   Bref, Salomon n'a pas eu seulement des procédés
de dessin et de taille qui lui sont propres, et dont
quelques-uns, ceux de la taille particulièrement, ont
donné des effets quelquefois curieux ; il a eu une façon
imprévue de représenter les hommes et les choses,
d'ajouter par des airs de tête et des attitudes au naturel
de l'allure des personnages. Il a rendu avec bonheur
la légèreté et la grâce du vol des anges et des génies,
comme on le voit par les anges de l'Annonciation et
de la Nativité (Nouveau Testament). Toutes ces petites



  (1) On retrouve ces arbres       aux longues branches effilées et
pendantes dans les ouvrages       de plusieurs dessinateurs de ce
temps-là, entre autres dans des    planches de Jean Cousin et sur-
tout dans des histoires signées   par le maître P. V.