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I7O                   BERNARD SALOMON

Oui, certes, aux dessins et aux gravures, on a apporté
un soin particulier. On compte deux cents planches
(deux cents!) pour la plupart d'assez grande dimension,
par exemple de 185 mill. de haut sur 145 mill. de
large (1). L'Å“uvre a ce que Renouvier appelait le
caractère archaïque ; on la dirait faite aux dernières
années du xve siècle. Le dessin est naïf, souvent incor-
rect, en général bien accentué ; les personnages se
meuvent librement et sont bien en scène. Où l'incor-
rection est grande, c'est dans les figures nues, presque
toujours grêles. Le dessinateur a revêtu les personnages
du costume du temps de Charles VIII ; il avait le goût
français, de la verve, un sentiment vrai du mouvement
et de la fougue des masses, de l'expression du visage
et du jeu des gestes. Il y a, par places, des figures
d'assez heureuse venue, qui font encore plus regretter
les défaillances du crayon de ce fécond ouvrier trop
ignorant des artifices de la perspective. La taille est
monotone malgré l'emploi de hachures. Des bois sont
signés V. L'illustration dans ce livre forme un point de
comparaison très intéressant avec ce qu'elle devint vingt
ans plus tard.
   En même temps, de 1530 à 1540, à l'époque du
renouveau dans l'art en France, on n'observe encore,
dans bien des ouvrages d'un dessin médiocre, qu'une
taille grossière, sans la naïveté, le naturel et la vive
allure dans les personnages. On recherchait cependant alors
la Très joyeuse plaisante et récréative histoire des faictz
gestes iriumphes et prouesses du très preulx et vaillant chevalier


   (1) II y a des planches de 215 mill. de haut sur 170 mill. de
large.