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DE LA CHARTREUSE DE VAUCLUSE 71
Passagers d'un instant dans ce séjour des hommes
C'est à nous de chercher des yeux
Le but que nous assigne à tous tant que nous sommes
Un Dieu miséricordieux.
Attentifs aux devoirs dont le cercle nous presse,
A notre mission nous ne faillirons pas,
S'il seconde notre faiblesse,
Si sa vertu soutient nos pas,
Et si, voyant s'ouvrir, au bout de nos années,
Un port de lumière et de paix,
Nous nous acheminons sans dévier jamais
A nos suprêmes destinées.
III
Vaucluse dort au fond d'un gouffre verdoyant
Où l'esprit se repose, où le cœur se recueille,
Où l'hospitalité du maître vous accueille
Dans un abandon bienveillant.
}'ai parcouru, sombre vallée,
Ta solitude inviolée,
Tes chemins, tes bois murmurants,
Mon âme s'est bercée au bruit de tes torrents,
Et dans l'étroit sentier que l'Ain baigne et caresse,
Entre la roche ardue et les bois odorants,
J'ai respiré des fleurs la symbolique ivresse..
Au vallon des Fenils où s'élève un tombeau,
J'ai pleuré la jeunesse à son matin ravie.
Puisqu'il faut s'endormir dans l'oubli de la vie,
Pour ce calme sommeil aucun lieu n'est plus beau.
Vaucluse est en ruine. Une tragique histoire
De Pèzière aux Fenils attriste les échos.
L'Ain qui coule en glissant sous ce haut promontoire,
Donne, en passant, au mort d'harmonieux sanglots.