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M PAUL 394 - DESJARDINS exigences de sa morale, la lutte qu'elle prescrit contre l'égoïsme et les passions. Pour remporter sur le cœur humain cette victoire que désire et qu'espère M.Desjardins, il n'est pas trop de tous les enseignements et de tous les secours d'une religion positive. Il pourra recruter, pour cette société nouvelle, une petite élite d'esprits distingués, d'âmes élevées, disposées à comprendre et à accepter ces préceptes de sacrifice et de dévouement au prochain, au nom d'un idéal supérieur. Mais ces âmes seront déjà chrétiennes, ou bien près de l'être, et on pourra leur appliquer cet autre mot que Pascal prête au Maître Intérieur : « Tu ne me chercherais pas si tu ne m'avais trouvé. » Du reste, M. Desjardins est très loin de repousser le concours du christianisme. Nous voulons dire seulement que la nouvelle morale sociale qu'il nous annonce n'en est pas aussi indépendante qu'il semble le croire. Aussi, après avoir constaté le grand courant dans lequel il est entraîné lui-même, ce que nous aimons surtout à retenir de ses doctrines et de ses conseils, c'est sa conception sérieuse et élevée de la vie, ce sont ses exhortations à l'effort, à la lutte contre l'égoïsme, à l'action continuelle en nous et autour de nous. Ernest LAPAIRE.