Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
386                  M. PAUL DESJARDINS

   Mais il faut peut-être reconnaître que certaines de ces
erreurs sont encore bien vivantes, et qu'on n'en saurait
encore chanter le De Profundis. Elles vivent : elles groupent
autour d'elles de nombreux défenseurs. Les déclamations
enflammées de Rousseau et les railleries dissolvantes de
Voltaire ont encore des échos dans notre pays. Raison de
plus pour étudier de près ce dix-huitième siècle, pour inter-
roger ses doctrines, pour en faire ressortir les vaines
prétentions et le vide. Incohérence, exagération et charla-
tanisme, c'est ce qu'avait déjà trouvé dans cette philosophie
si vantée un critique trop oublié peut-être, M. Alexandre
Vineti Plus récemment, dans son beau livre : Études litté-
raires sur le XVIIIe siècle, M. Emile Faguet, tout en recon-
naissant chez ces écrivains une certaine générosité, une
bonté de cœur facile à s'attendrir, accuse leur intempé-
rance, leur verbiage, leur étourderie présomptueuse.
   Rousseau avait été depuis longtemps jugé à sa valeur et
remis à sa véritable place par MM. Nisard, Saint-Marc
Girardin, Vinet. — M. Faguet ajoute à toutes ces apprécia-
tions un chapitre définitif. Il ne reste qu'à attendre que les
sociétés désabusées reviennent de ces erreurs politiques, et
s'aperçoivent, comme dit M. Brunetière, qu'en suivant
l'impulsion de Rousseau, nos pères avaient pris un malade
pour guide.
   Quant à Voltaire, cette idole dont nous avons vu, à Lyon
même, célébrer le centenaire, il y a quinze ans, avec une
sorte de pieux enthousiasme, il avait été déjà traité assez
irrévérencieusement par une autre idole, Victor Hugo :

         Voltaire alors régnait, ce singe de génie,
         Chez l'homme en mission par le diable envoyé.

  Avec plus de sérieux et dans une de ces études qui