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                           THOMAS BLANCHET                              27I

 vraiment une élite. Rappellerai-je ce que furent, â des degrés divers,
 ces maîtres puissants ou simplement habiles?
    L'astronome Kepler prétend qu'il n'existe pas d'astre solitaire. Dans
 les sphères immobiles où lui apparaissent les étoiles fixes ; dans le
 monde mobile où les planètes développent leur course radieuse, aucune
 n'est isolée. On en peut dire autant des hommes de valeur. Il est rare
 que le talent se révèle à titre de complète exception dans une famille.
 Interrogez M. Charvet, membre non résidant du comité. La vie de
 Thomas Blanchet, peintre et architecte du dix-septième siècle, a tenté
 M. Charvet. Et dès les premiers pas, alors qu'il n'était attiré que par
un maître, votre confrère a rencontré soudainement trois artistes du
 nom de Blanchet : c'est-à-dire Louis, Louis-Gabriel et un dessinateur
 et graveur, dont le prénom ne nous est connu que par une lettre initiale.
 En homme qui sait son monde, M. Charvet honore d'un salut courtois
chacun de ces trois artistes, mais il a bientôt discerné le maître de son
choix. Avec quelle sûreté d'information il engage l'entretien. Thomas
Blanchet connaît moins bien, je le gage, sa propre histoire que ne la
possède M. Charvet. Ce Thomas Blanchet a d'ailleurs ses lettres de
noblesse. Il est Parisien, il a vu Rome et Nicolas Poussin a bien voulu
l'admettre au nombre de ses auditeurs, lorsqu'à la nuit tombante il gra-
vissait les pentes du Pincio en devisant des grandes lois de l'art. Claude
Gellée, Dughet, le Maire, Jacques Courtois, l'Algarde, Jean Miel,
Filippo Lauri, Allegrini, à des dates différentes, ont été vus faisant
cortège au peintre français, au cours de ces promenades instructives où
Poussin n'est pas sans ressemblance avec Platon discourant, entouré de
disciples, dans les jardins d'Académus. Thomas Blanchet a connu Le
Brun chez Poussin. Tous deux rentrent en France. Chemin faisant, Le
Brun, en traversant Lyon, peint le portrait de Panthot, puis il vient
fonder l'Académie de peinture et ouvrir l'École dont en ce moment
même, messieurs, vous êtes les hôtes. Blanchet se rapprochera de Le
Brun par plus d'un point. On le verra tenter d'ouvrir une école d'art à
Lyon ; il sera peintre d'histoire dans son « May de Notre-Dame », dé-
corateur dans ses vastes compositions de l'Hôtel de Ville de Lyon et .
architecte chez les Bénédictines et les Carmélites de cette ville. Qu'il
s'agisse d'un escalier monumental, d'un mausolée, des retombées d'une
voûte à orner de statues ou de pilastres, Blanchet est l'artiste fertile
que rien n'effraye. Entre temps, il remplace Panthot comme peintre
attitré de la ville. Cette fonction l'oblige à faire des portraits d'échevins