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144                 JÉSUITE ET CHARTREUX

    Le religieux, qui faisait suivre sa signature de cette allu-
sion à ses nombreux travaux, n'était point un inconnu à
l'abbaye; nous savons qu'en particulier Dom Luc d'Achéry
avait eu à s'occuper de lui et d'un de ses livres dans un
débat historique dont les échos, parvenus jusqu'à nous,
nous instruisent sur les préoccupations des érudits du dix-
septième siècle.
    Il s'agissait de reconnaître pour authentiques, ou de traiter
comme légendaires, les circonstances qui avaient déterminé
saint Bruno à quitter Paris et à se retirer dans la solitude.
Assistant aux obsèques d'un chanoine de Notre-Dame,
avait-il réellement entendu le défunt répondre par trois fois
 à une interrogation qui lui était posée : je suis accusé, je
suis jugé, je suis condamné? Dans la revision du bréviaire
 de Paris, qui se poursuivait dans ce temps-là, plusieurs des
 commissaires demandaient qu'on retranchât l'anecdote,
 ils estimaient qu'elle était une pieuse fable, sortie de
 l'imagination d'un biographe crédule. Le fameux Launoy
 qu'on trouve partout où la critique peut exercer ses droits
 de revision et de suppression, était parmi les plus ardents
 et il ne devait pas tarder à communiquer au public les résul-
 tats et les conclusions de ses recherches (7). Les Chartreux
 s'émurent, les savants avec eux; on trouvait que pour ne
 pas vouer aux flammes de l'enfer un de ses anciens membres,
 le Chapitre repoussait bien légèrement le miracle qui avait
 décidé d'une des plus authentiques conversions.


  (7) La dissertation du D r Launoy parut sous ce titre : Joannis Launoii
theologi parisiensis defensa Breviarii romani correclio circa historiam sancti
Brunonis sive âe verd causa secessus sancti Brunonis in Eremum. Parisiis,
1646. La seconde édition est de Strasbourg : une troisième revue et
augmentée, porte la date de 1662.