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EN PORTUGAL 449
ils se renferment dans leur étroite bande de terre, et ils s'en
trouvent bien. Leur armée calme, disciplinée, ne fait plus
de pronunciamentos, le port du casque prussien a complè-
tement refroidi les têtes les plus ardentes; quant à la marine
portugaise, elle maintientfièrementle pavillon blanc et bleu
aux rives du Congo et du Zambèze.
Je né fais qu'un seul reproche aux anciens conquérants
de l'Inde, c'est leur monnaie, ou plutôt leur façon de
compter en reis, car le reis, cette piécette minuscule, est
invisible depuis les temps fabuleux ! 200 reis font à peu
près 1 fr. Pour d'habiles banquiers ou commerçants versés
dans les règles de trois plus ou moins composé, rien n'est
plus facile, mais pour le malheureux ignorant les délices de
l'arithmétique, quel épouvantail qu'un compte en reis ! Je
me souviendrai longtemps de mon effroi en voyant le total
de ma première note d'hôtel — 18,540 reis, — où trouver
semblable somme? vite au télégraphe. Une âme charitable
apaise mon émotion : mais ce sont des reis, calculez à raison
de 500 reis, à peu près 2 fr. 50. Merci mille fois. C'est alors
l'horreur des chiffres qui m'envahit ! Après les réductions
d'une longue multiplication, je découvris que cette note
terrifiante se réduisait à 102 fr. 75 !
Les calculs en reis oubliés, je rapporte de cette course en
Portugal un bon souvenir, pas indifférent, pas enthousiaste,
paisible et gracieux comme ses paysages.
JOTT TARDY.