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EN PORTUGAL 447 forêts très giboyeuses de l'Alemtejo. Le second fils du roi Louis, l'infant don Alfonso, duc d'Oporto, est un bel offi- cier avec quelque chose de l'extrême distinction de son oncle, le duc d'Aoste ; très mondain, il cherche à retarder, autant que possible, les impatiences matrimoniales de la reine, sa mère, à son endroit. Les environs de Lisbonne sont beaux. Tout près, le couvent des Hiéronymites, portail splendide, cloître feuil- lage, dans ce style gothique trop riche auquel le roi Manuel a laissé son nom. Sous ces voûtes en treillage de pierre, Vasco de Gama prépara un premier voyage, deux ans après il y revenait triomphateur. Un peu plus loin la gothique tour de Belem dresse ses élégances, le Tage caresse ses vieilles murailles blasonnées de Bragance, le ciel bleu éclaire le balcon ajouré d'où le roi Jean II le navigateur, devenu vieux, attendait le retour des hardis marins qu'il avait lancés à la conquête des terres inconnues. En deux heures de railway on atteint Cintra, la ville d'été des Lisbonnais, gentille et verdoyante sous les roches énor- mes et dures de la Peria. Au sommet de ces monts granitiques, utilisant un délicieux petit castel du roi Manuel, le prince Ferdinand de Cobourg a élevé un véritable burg allemand, c'est dans ce souvenir des bords du Rhin que devenu veuf de la reine Maria II, il vint cacher ses amours avec la can- tatrice Fanny Essler, qu'il avait épousée morganatiquement. Très lettré, très artiste, le prince Ferdinand adorait la Pefia, il y avait réuni les plus belles collections du Moyen Age et de la Renaissance, je n'ai, malheureusement pas pu les admirer, le partage légal n'étant pas encore fini entre ses héritiers. Adorant la nature comme tout homme du nord, le prince avait entouré son Palais-Musée de jardins enchantés, toujours admirablement entretenus où les feuillages des