Revue du Lyonnais » série 5 - n°8 ( 1889 ) » pp.308

308                     NOS VOISINS


                     L'AUVERGNAT

   « Il y a deux choses opiniâtres en Auvergne, a dit Flé-
chier, les hommes et les mulets. » C'est une boutade dont
îl ne faudrait pas déduire des conclusions trop absolues,
mais qui indique la note dominante du caractère auvergnat :
la volonté.
   Tout le monde les connaît— car nulle province n'émigre
davantage — ces hommes courts et forts qu'aucun labeur
ne rebute, dont la parole, hardie et scandée, annonce
l'énergie, et qui dépouillent leur rudesse native, avec la
facilité des races du Midi.
   Toutefois, ne leur demandez ni des artistes, ni de beaux
esprits. D'une intelligence vigoureuse, méthodique et nous
pouvons presque dire carrée comme sa stature, l'Auvergnat,
lorsqu'il s'élève dans le domaine des choses de l'esprit, tend
plutôt à devenir un savant, un penseur, un juriste, un homme
d'Etat.
   Acquérir est pour lui une fonction naturelle. Même
lorsqu'il imprime une haute direction à son intelligence, il
procède avec cette àpreté qui est un des signes de la race.
Les savants, les penseurs auvergnats sont tous, plus ou
moins, des emmagasineurs d'idées qu'ils amassent d'abord
pour le plaisir d'amasser.
   En Auvergne, les jolis visages ne manquent point. On
assure que les femmes le savent, mais qu'elles ne sont pas
fâchées de se l'entendre dire.
                                          Monsieur JOSSE.


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