Revue du Lyonnais » série 5 - n°8 ( 1889 ) » pp.296

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de M. l'Esleu de Vinolz(3). Dieu leur veuille départir ses grâces et
bénédiction.



    Le 12 dud. mois m'estant transporté à Montbrison, je fus prié d'aller
voir MIle Livet, ma cousine, femme de M. Livet, lieutenant particulier
du bailliage de Foretz, laquelle se trouve avoir été traitée au commen-
cement de sa maladie par M. Torillon, médecin de Montbrison et en
la continuation d'icelle par M. de la Clostre, médecin de Lyon, lequel
parmy des discours que nous eûmes ensemble, me donna à entendre que
ledit sieur Torillon avoit grandement failly, en prescrivant à la malade
quelques apozèmes purgatifs, qui furent suyvis d'une diarrhée, qui causa
beaucoup de mal à la malade, laquelle estant atteinte d'une fièvre con-
tinue, maligne et estant desjà avancée dans icelle, n'avoit aulcunement
besoin de tels remèdes, qui en telle maladie sont grandement périlleux,
comme l'expérience journalière nous fait voir. Je rencontra ma dite
 cousine en tel état, que dans douze heures après, à onze heures du soir,
 elle rendit l'esprit et laissa ses père et mère et son mari grandement
 affligés et tous ceux qui la connaissoient extrêmement estonnés de voir
 une jeune demoiselle de vingt-neuf à trente ans, en l'esté de son aage,
 parmy toutes sortes de délices et contentement ravie par une mort
 aultant inespérée que fâcheuse.



   Nota que le jour et feste de saint Benoist, 27 mars de l'année 1626,
 un sabmedi, environ les deux heures du matin, discrète personne,
 maître Pierre Boyer, mon père, lieutenant de Saint-Bonnet, rendit
l'esprit à Dieu, après avoir esté assez longtemps travaillé d'une fâcheuse
maladie, comme j'ai remarqué en mes observations médicinales. C'estoit
la 59e année de son âge. Sa maladie avoit esté longue et luy ayant
donné le loisir pour se préparer à la mort, par une confession générale,
laquelle fut suyvie de la réception du très auguste sacrement de l'autel


  f3) Toussainte de Vinols, mariée à Guy de Chàtelus, écuyer, était fille de Denis de
Vinols, écuyer, seigneur d"Aboin et de Gaîte, et de Claudine Domène.
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