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2l8                      DOCUMENTS INEDITS

que Mgr l'archevêque auroit 'eu cognoissance de l'affaire et auroit
ordonné sur icelluy; ce qu'estant faict, la dite sœur Marguerite estant
détenue de maladie à cause de la grande tristesse qu'elle avoit eue pour
se voir ainsi injustement chassée. Je fus prié de la part de la ville de la
visiter ; m'y étant à cette intention porté, je la trouvai dedans son lit
malade d'une cardialgie, laquelle estoit accompagnée de fréquentes
hypothymies. C'est pourquoy lui ordonnai les remèdes propres et né-
cessaires à la dicte maladie, si bien qu'elle commençoit à recouvrer la
santé, n'eust esté les brocards et injures qu'elle recevait de quelques
religieuses de ceste maison qui ne l'agréaient point, ce qu'ayant une
fois entendu de mes propres oreilles et voyant que la' tristesse et affliction
qu'elle en recevait la précipitait en semblable maladie que devant, je
trouva bon de la faire ressortir, veu la requeste qu'elle m'en fit, en
présence de la supérieure. Voilà pourquoi le 30= jour du mesme mois,
avec la permission de sa supérieure, ladicte sœur Marguerite sortit de-
rechef et fut conduite chez M < Ponceton, sa tante, où elle fut encore
                                â„¢=
griefvement malade de la même maladie que dessus et pour les causes
ci-dessus mentionnées. Neantmointz avec l'aide du Ciel et des remèdes
que je lui ordonna, elle recouvra la santé et persista en ses exercices
accoustumés, attendant l'ordonnancé de Monsieur l'Archevêque. Ceste
affaire donna grandement de l'escandale à la ville et notamment à
ceulx qui sont de la religion prétendue réformée. La ville estoit gran-
dement courroucée contre lesdictes religieuses, et on eut de la peine
d'empêcher qu'elles ne receusseut quelque affront.



   Le 2« d'octobre, mesme année 1623, arriva en ceste ville le régiment
de M. de Vaudemont, prieur de Lorraine, pour y establir garnison. Ils
n'étaient que sept ou huit vingtz, tout mal en ordre, meschants et ma-
licieux. Les chefs estoient fort honnestes gens. Ils firent montre et
prestèrent le serment entre les mains du sieur Blasin, commissaire,
envoyé pour cet effect de la part de M. le Gouverneur. Le susdit régi-
ment despartit de cette ville le 19 novembre.



  Le 7e jour de novembre de la mesme année, deux sergents du susdit
régiment, qui estoit en garnison en ceste ville, se bâtirent en dueil, un