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98              UN CONFRÈRE DE MASSILLON

d'autres: nés dans la même contrée, engagés dans le même
état, appliqués à un ministère commun, les deux oratoriens
étaient encore plus unis par une étroite amitié; notre pro-
vince contribua à resserrer ces liens, sinon à les former, et
nous avons pensé qu'à ce titre la biographie du P. Maure
ne nous était pas étrangère.
   Elle renferme en outre un vrai problème d'histoire litté-
raire, intéressant à poser et agréable à résoudre : pourquoi
le P. Maure ne jouit-il pas de la même fortune que son
compatriote fameux, après avoir partagé avec lui les applau-
dissements de leurs communs auditeurs? Pourquoi ses
succès ont-ils été encore plus courts que sa vie? Comment
n'a-t-il pas fixé cette renommée, capricieuse et inconstante,
je le crains, mais non pas tellement aveugle que ses arrêts
soient à ce point révisables?
   Les éléments de la réponse à ces questions sont à notre
portée; bien que l'on soit condamné à les chercher dans
 des documents poudreux d'archives, dans des lambeaux de
gazettes, dans des recueils de pièces à peu près oubliées,
notre peine recevra quelque dédommagement; le profit en
 sera de ne pas nous trouver en présence d'une de ces injus-
tices, si fréquentes dans l'histoire de toutes les littératures,
 qui ne mesurent plus le dédain, après avoir exagéré l'enthou-
siasme; nous n'aurons à accuser ni une erreur dégoût dans
l'auditoire, ni un enthousiasme frivole et de commande,
soutenu par quelque intrigue de cour, ou poussé par la
cabale janséniste. L'explication est plus simple. Les forces
physiques furent, chez le collègue de Massillon, au-dessous
du talent; çlles n'en servirent point assez le développement
ni le complet exercice; une santé précaire l'arrêta dans sa
•course; ses débuts l'avaient presque porté au premier rang;
mais la faiblesse d'une poitrine délicate, des souffrances