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               CHAZAY-D'AZERGUES EN LYONNAIS                19

 cette charte nous apprend que les bourgeois de Chazay,
comme les chevaliers du pays, occupaient un rang impor-
tant et traitaient avec leur seigneur. Cela nous révèle,
comme le fait remarquer M. Steyert, une institution poli-
tique et sociale, que les historiens de nos jours ne soupçon-
nent guère (14). Le gouvernement religieux de l'abbaye
était beaucoup plus doux et plus libéral que celui des
seigneurs laïques, et tandis que le seigneur séculier, retiré
parfois dans son castel comme un oiseau de proie dans son
aire, détroussait les passants et les riches marchands qui
se hasardaient sur ses terres, le seigneur religieux, comme
l'abbé d'Ainay, leur offrait asile et protection, et s'attirait
ainsi de nombreux sujets en même temps que d'abondantes
richesses.
   Aussi quelques années plus tard, verrons-nous le pape
Innocent IV, signaler les bienfaits des moines d'Ainay,
et les prendre eux et leurs biens sous sa protection particu-
lière (15).
   Vers 1196, de grandes pluies amenèrent une inondation
considérable de la Saône et de l'Azergues. Les plaines envi-
ronnantes furent tellement envahies par les eaux que les
hostilités cessèrent sur ce point entre les troupes de Phi-
lippe Auguste et de Richard Cœur de Lyon (16). Ce der-
nier, délivré de sa captivité d'Allemagne, était parvenu à
mettre dans son parti les barons français. Il forma avec eux
contre Philippe cette première ligue, qui fut marquée par
le combat de Fréteval, 1194, où Philippe, vaincu, perdit
son sceau et ses archives. En 1196 (1197), une seconde

  (14) Rev. du Lyon., oct. 1888, p. 290.
  {15) Grand Cart. d'Ainay, t. II, chart. 6.
  (16) Serrant. Hist. d'Anse, p. 178.