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AUTDN. 319 Thyrse, pauvres apôtres aux pieds nus, au corps mortifié, le bâton blanc et la croix de boisa la main, envoyés dans cette région des Gaules ( la Première Lyonnaise ) par Polycarpe, évoque de Smyrne, on n'aura que d'imposantes mémoires à évoquer, que de grandes émotions à recevoir. Tour-à -tour, on assistera au martyre de Symphorien, on descendra dans ces cryptes primitives si souvent teintes du sang chrétien, où commença l'Église, dans les fraternelles agapes, où les premiers fidèles donnaient à Dieu la plus sainte, la plus in- time, la plus efficace des prières, la prière du cœur — ainsi que cela se continua durant tous les temps moyens. — On se rappellera Autun saccagé en CCLX, sous Claude-le-Go- thique, réduit en cendres en CCGGLI, ravagé en DXXXII par Childebert et Clotaire, mis à feu et à sang en DCCCXXX par les Sarrazins , pillé et brûlé par les Normands en DCCCLXXXXIV; on parcourra les rues, les places solitaires, presque désertes de la cité actuelle, belle, toujours belle, malgré ses innombrables infortunes qui n'ont d'égales que les infortunes lyonnaises, malgré les révolutions aux doigts de fer, malgré le vandalisme de ses propres enfants ; quel- que coin autunois que l'on explore, quelque parcelle du sol éduen que l'on foule, nulle poésie plus incisive et plus poi- gnante que celle que l'on y trouvera, nul témoignage plus so- lennel de ce que peut la voix de Dieu tonnant parmi les géné- rations. Je te salue, Autun, pacifique et salubre cité qu'enveloppe un air si balsamique et si pur, qu'ombragent des arbres si énergiques et si colorés, qu'environnent des monts si sévères, si chargés de pittoresques roches granitiques et de futaies, de fraîches vallées, d'eaux vives, de ruisseaux murmurants et limpides, de touffus et verts châtaigniers, de cascades constel- lées dont les mugissements égalent ceux des vents qui balayent la poussière de tes tombeaux. Dis-nous avec quelle force d'i-