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144                   M. ANGELO FRIGNANI.

 senteraient, par toutes les contradictions qui pourraient
 s'élever autour de lui, par tout ce qu'il y aurait enfin de p é -
 nible dans cette étrange conception, qui fut couronnée d'un
 plein succès.
    M. Frignani est de Rayenne, l'antique cité des Exarques,
 le municipe dont Sidoine raillait les marais et les grenouilles,
 quand un de ses amis de là-bas lui reprochait nos brouillards
 lyonnais, au Ye siècle déjà, ce qui doit nous consoler un peu,
 et nous montrer que les brouillards du Rhône attristèrent
 aussi nos ancêtres. On sait ce que souffrit en 1821 la Roma-
gne, soupçonnée d'avoir vu avec joie les efforts insurrec-
tionnels de Naples. Bien de jeunes hommes qui rêvaient l'in-
dépendance de la patrie et qui avaient dans l'ame des idées
vives et généreuses, furent enlacés comme en un réseau qui
leur coûta la vie, ou qui les jeta sur la terre d'exil, pour y
apprendre ce que disait si énergiquement l'ardent proscrit
de Florence :
    Tu proverai si corne sa di sa le, etc.
    « Tu verras combien le pain étranger sent le sel, et com-
bien c'est chose amère que de monter et de descendre
l'escalier d'autrui. »
    M. Frignagni étudiait le droit à BologneJ quand il apprit les
arrestations qui se faisaient dans sa ville natale ; il s'y rendit,
et ne tarda pas à être incarcéré. Il avait alors vm^t-trois.ans.
Les prisonniers étaient nombreux, et les mêmes soupçons
pesaient sur eux. On les avait enfermés dans les cellules
désertes du vieux cloître de Saint-Vital, élevé sur l'emplace-
ment d'un amphithéâtre romain, et les malheureux captifs se
rappelaient involontairement les victimes qui jadis avaient
souffert en ces mêmes lieux des tortures atroces. Une fois là,
Angelo Frignani eut à subir un interrogatoire qui ne roulait
que sur quelques insignifiantes puérilités; on lui fil un crime
de ses liaisons avec le comte Edouard Fabri, auteur de quel-