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132                   VOYAGE A VIENNE.

serve le ciel de médire de ces blanches épaules germaniques
qu'elle fait tournoyer, lesquelles font tourner à leur tour tant
déjeunes têtes bien faites, têtes d'étudiants, têtes universitai-
res qu'entraîne l'ardeur du sang, de l'âge et de la mesure
pétulante!
   Mais pourtant toutes les séductions de Volksgarten, la valse
effrénée, aux chaudes haleines, l'œuvre du statuaire italien,
dans sa boîte athénienne, la porte imposante de Bourgthor,
qui fait une trouée heureuse à ce rempart maudit dont j ' a i
eu tant à me plaindre, ne pouvaient détourner ma pensée
rêveuse du trésor de l'empereur. Je ne songeais plus aux dia-
mants et aux couronnes ; mais je voyais sans cesse à mes côtés
ce touchant petit berceau vide, avec son génie aîlé, ange gar-
dien qui a si mal rempli sa tâche! Je pensais que si l'Au-
triche possède le berceau, auquel Paris aurait bien quelque
droit, cependant, elle possède aussi la tombe qui lui appar-
tient en propre! Et, conduit par cette pensée, je pris natu-
rellement le chemin de l'église des Capucins.
   Là est le Saint-Denis de Vienne, Saint-Denis modeste ;
mais les cendres royales y dorment à l'abri des révolutions.
Là, dans une crypte lugubre, sont rangés les soixante-treize
tombeaux, récolte de la mort dans la famille impériale. Ce ne
fut pas sans un frémissement secret que je m'approchai du
sépulcre de Marie-Thérèse, sachant bien quel compte doulou-
reux la France doit rendre à cette cendre auguste !...
   Au bout de la chapelle souterraine, parmi des cercueils
inégaux, qui révèlent l'inégalité des âges, repose le dernier
empereur. Parmi ces morts de fraîche date, je trouvai bien
vite celui que je cherchais, le fils de l'homme, tout près de
son grand père, et je lus l'inscription suivante :
                  AETERNAE. MEMORIAE.
        JOS. CAR. FRANCISCI, DVCIS. REICHSTADIENSIS.
              NAPOLEONIS. GALL. ÃMPERATORIS.