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318                          AUT0N.

tableau el encadrée dans le paysage le plus austère, le plus
riche en variétés et en accidents qu'ait jamais deviné la harpe
des poètes écossais. Voyez-vous, dormant sur d'âpres col-
lines, adossés à de mornes el solennelles montagnes, se con-
fondant presque avec elles de couleur et de caractère, et
semblant comme estompés légèrement sur ce brumeux horizon,
les grands édifices noirs, taciturnes et graves de la vieille cité
où furent les écoles des druides; où chantaient les bardes
gaulois; où, plus tard, retentirent toutes les joies des fêtes
augustales? Voyez-vous les restes du théâtre, du capitole,
du cirque, de la naumachie, de l'hypogée, des temples, des
aqueducs, des portiques, des thermes, des mausolées , se
détacher, chancelants et moribonds, à travers les demeures
de la génération vivante, dispersées, incohérentes, libres ;
puis par-dessus tout ce peuple de souvenirs, par-dessus
toutes ces pages si diverses, si confuses, si mutilées d'une his-
toire de pierres, surgir la vénérable basilique cathédrale de
Saint-Lazare, dont la flèche, greffée sur un corps romano-
byzantin, s'élance magnifique, chevaleresque et triomphante,
comme une personnification de l'Église assise sur les débris
du paganisme vaincu?
   Soit qu'on exhume les vastes ossements de la Bibracte
celtique, soit que l'on se promène dans la ville romaine à
qui Auguste donna son nom (AVGVSTODVNVM) et celui
plus glorieux encore de :

           SOROR . ET » AEMVLA » ROMAE

soit que Ton y voie Magnence revêtir la pourpre impériale,
Vitellius, Maximien, Constanlin-le-Grand, Constance-Chlore,
Julien, y étaler toute la somptuosité du monde latin ; soit
que l'on suive, sur la terre éduenne, à travers cette campa-
gne silencieuse, éteinte comme l'Agro romano, Andoche et