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DE LA FOI. 211 Historiquement, la logique a été la source du scepticis- me. Avec le syllogisme, toutes les discussions théologiques, quittant les sources de l'intuition et de la Foi, n'ont fait qu'aboutir à des subtilités logiques et à la négation. Est- ce ainsi qu'avaient fait les Pères? Au moyen-âge, la gran- de pensée chrétienne s'est donc vu arrêtée dans l'esprit humain aussitôt qu'on eût mis en vogue le procédé d'Aris- tole. Au lieu de fixer les esprits sur les idées, on les fixait sur leurs limites. Au XVIe et au XVIIe siècle, la grande pensée a remarché , parce qu'il est venu des hommes de génie; la logique s'est tue un moment devant eux. Au XVIIIe siècle la logique a reparu : elle a produit sur la grande pensée le même effet qu'au moyen-âge. L'esprit hu- main s'arrêtera toutes les fois que l'homme viendra mettre son esprit à la place de la raison. Ce dont les sciences ont le plus à se garer, c'est de tomber entre les mains des hom- mes de second et de troisième ordre. Les hommes de génie paraissent, les hommes d'esprit leur courent après pour les mettre en pièces. Le scepticisme est sorti des Écoles. Si la pensée humaine devait périr ce ne serait jamais que par un acte de logique. Les grandes idées, les axiomes de tous les temps, les dé- couvertes du génie furent donnnés de prime abord par la raison. La logique, parce que c'est l'homme qui s'en sert, n'a pu que les enseigner et souvent les défigurer et les désunir. Quand nous voulons la lumière, ce n'est pas à nous qu'il faut la demander, puisque c'est nous qui la cherchons ; mais c'est en nous, où la raison se montre avec ses incorruptibles no- lions. Or, on ne fait pas parler la raison, on l'écoute... Et l'hu- milité en apprend plus que l'esprit (l). (i) Les gens d'esprit passent leur temps à essuyer les verres de leurs lunet- tes. La vérité n'attend pas que votre esprit devienne clair! Il semblerait vrai-