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VOYAGE A VIENNE. 285 Quand on est dans celte capitale, il faut prendre un jour le chemin de fer qui conduit à Bade, en allemand Baaden. Expliquons-nous ici : il ne s'agit point de Bade, Civitas Au- rélia, Aquensis, Thermos inferiores, dans le grand duché ; il ne s'agit point non plus de Bade, Aqum Helvelicœ, ou Ver- bigenœ, dans le canton d'Argovie, sur la Limmat. 11 s'agit d'un troisième Bade, Aquœ Pannonicœ — tâchons de ne pas nous noyer au milieu de ces eaux latines — petite ville de trois mille habitants, située à vingt-quatre kilomètres de Vienne. Arrivé là , voyez les sources d'eau chaude, bienfait de la nature envers Vhumanité souffrante, comme dit une ins- cription ; déjeunez avec le plus excellent pain qui se pétrisse dans l'univers (la boulangerie badoise est très renommée, même à Vienne !), prenez ensuite une voiture, si mieux vous n'aimez vous acheminer à pied par celle pittoresque et cé- lèbre vallée de Ste-Hélène, qui vous conduira, en gravissant ensuite, à la fameuse abbaye de Sle-Croix. Les environs de Bade sont charmants ; ils ont la placidité et la senteur rurales ; ils sont émaillés de fraîches maisons de campagne habitées par de riches souffreteux qui viennent prendre les eaux. Parmi ces habitations, on distingue le château ou la riche villa de ce prince Charles qui lutta si long- temps, non sans gloire, malgré ses revers, contre la for- tune et le génie militaire de Napoléon. Un honnête propriétaire des environs de Bade a fait une tentative singulière et malheureuse : il a fait venir de Bor- deaux une grande quantité de ceps, et les a mis en bonne terre autrichienne, croyant récoller du haut Lafitte. Mais il est arrivé que la bordelaise s'est ri de lui, et qu'elle lui a dit un jour: et le soleil de ma savane l'avez-vous? Que nous veut donc l'Autriche ? N'a-l-elle pas son vin princier de Tokay ? Et le Rhin allemand n'a-t-il pas ses vins fameux, et, par-dessus tout, ce Johannisberg, qui n'a