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                     M. ANGELO FRIGNANI.                    155

    Nous aurions beaucoup de scènes à rappeler encore, les
unes, douces ou trisles ; les autres comiques et malicieuses,
comme celle de Foglietta, ce directeur de l'hôpital, méchant
homme que Frignani écrasait de plaisants sarcasmes ; ou
bien comme ce magister, qui se fait passer pour un grand
personnage, dirigeant l'université de Corse, et jouant un rôle
dans ce monde. La drôle de créature que ce pauvre imbécile !
Nous aurions à suivre M. Frignani dans sa délivrance, dans
son voyage à travers l'Italie, dans son arrivée en France, puis
dans son séjour à Marseille et à Aix. Il faut renvoyer au livre
lui-même ; c'est une lecture pleine d'intérêt. La Mia Pazzia,
qui n'a pas eu la vogue subite qu'elle mérite si bien, nous
paraît digne d'aller à côté des Prisons de Pellico. Si un livre
perd toujours ù venir après un autre; si les Paroles même
d'un Croyant n'avaient pas toute leur fleur d'originalité pour !
qui se rappelait les Pèlerins Polonais du poète Mickiewicz , S
on pourrait objecter aussi que la Mia Pazzia de M. Frignani \
a eu le tort d'arriver un peu tard. Nous ne pensons pas que le /
livre de Pellico doive nuire à celui-ci, car c'est une toute )
autre série d'idées et de sensations. M. Frignani fait passer i
le lecteur par des voies neuves et inconnues.
    On ne trouvera point ici la pieuse résignation de Pellico;
l'auteur de la Mia Pazzia est d'une humeur plus bouillante,        ,
et ne prend pas son mal avec tant de stoïcisme. Il n'épar-           \
gne pas ceux qui l'incarcérèrent, et dit au pape d'assez dures        j
vérités. M. Frignani, du reste, montre partout une ame reli-       {
gieuse et sagement libérale ; il a raison, selon nous, de vou-    f
loir que l'Evangile ne soit plus mêlé aux tracasseries poli-       |
tiques de ce bas monde. La foi y gagnerait, et les rois aussi.
   La Mia Pazzia est écrite en un italien,pue.et,beau; ce livre
n'est point façonné à ces habitudes de style français, comme
l'est assez souvent celui de Pellico, et les Italiens en aiment
d'autant Frignani. Ils pensent toutefois que l'auteur aurait