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VOYAGE A VIENNE. 291
en une heure, et le signe de rédemption qu'ils portaient, el
qu'ils invoquaient, ne put les sauver.
Aujourd'hui, sur cette crypte ensanglantée, s'accomplis-
sent les saints mystères. Je me trouvai dans cette vieille église
vers le soir. Elle était à moitié pleine. Il y avait beaucoup
de femmes et beaucoup de ces petits enfants que le Christ
aimait. Le soleil couchant frappait contre les vitraux qui
coloraient le jour. Un prêtre donnait la bénédiction à l'autel.
L'encens fumait et les femmes chantaient en chœur, à demi-
voix, avec une suavité pleine de charme pieux. Ces souvenirs
de meurtre, qui sortaient, pour ainsi dire, de dessous terre,
mettaient en présence la société véhémente et désordonnée
du moyen-âge et la société calme et réglée de notre temps.
Cette église, cette cérémonie religieuse, ces chants surtout,
justes et presque tendres, ces femmes qui ressemblaient Ã
des madones avec des enfants dans leurs bras , me fai-
saient songer à l'Italie ; mais étant entré dans une auberge,
cl, ayant vu, au premier étage, une immense salle de danse
avec lustre et orchestre, je reconnus l'Autriche à ce trait !
Modling est un des lieux que visite, en été, la population
de Vienne qui cherche la campagne et ses plaisirs. Un autre
lieu visité aussi, et digne d'attention, c'est le château, ou,
pour parler plus exactement, le parc impérial de Laxem-
bourg. Le château n'a aucun caractère, aucune élégance a
l'extérieur ni à l'intérieur. Il est d'une extrême simplicité
bourgeoise. Les écuries seules ont quelque chose de princier,
non comme édifice, ni même comme arrangement intérieur,
mais par les beaux chevaux de diverses races qui y mangent
l'avoine impériale. Toutefois, il ne faudrait pas chercher là ,
ni ailleurs, le cheval de bataille de l'empereur Ferdinand.
Quant au parc, je n'en ai vu nulle part un plus vaste et
plus magnifique. Il n'y a rien là de Versailles: point d'arbres
équarris , point de jets d'eau laborieux , point de grotte