Revue du Lyonnais » série 1 - n°25 ( 1847 ) » pp.235

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mathique; elle croît sur les dispositions que nous avons à la
vertu. Celte Foi nouvelle qui germe aussitôt qu'on sème la
parole, sort de ceux qui ont envie d'être bons et dont la cons-
cience était prête. Ainsi quand la Foi pénètre pour la première
fois dans un pays, elle opère tout à coup un grand nombre de
conversions ; puis on est étonné de la voir également tout à
coup s'arrêter. C'est lorsqu'elle arrive aux égoïstes.
  , Au milieu delà civilisation, voyez quel bélier incalculable
il faudrait pour faire avancer la Foi d'une ligne ! Vous sentez
que tout ce que les lumières ont pu faire, elle l'ont fait. Où le
mal s'est établi, comment faire entrer la foi; dire a quelqu'un
de croire c'est lui demander d'être bon. Les hommes ne pè-
chent point par les lumières, mais parles sentiments. Le scep-
ticisme ne vient jamais que d'un épuisement du cœur. Il fau-
drait donc changer les cœurs. Àh! le moyen n'est point aisé,
mais le chemin serait direct. (1)
    Pour savoir par où la vérité tient dans l'homme, il faut
voir par où y tient l'erreur. On l'a observé en histoire, quand
une fois l'erreur a pris vie, ni la dialectique, ni aucune des
ressources de l'esprit ne réussit à la détruire ; ses racines
croissent en lieu trop profond pour y recevoir la lumière.
Un sentiment fil naître une idée en nous, un sentiment seul
l'arrachera. L'erreur ne se fixe dans l'homme qu'au fond de


   (i) Il n'y a pas de cercle vicieux pour la prééminence de l'amour et de
la vérité. Evidemment il faut la foi pour pouvoir changer les cœurs ; les
hommes ne peuvent commencer par être bons. Aussi, parmi nous, les hom-
mes ont-ils effectivement commencé par la foi, qu'ils reçurent dans l'enfance.
Tous ceux à qui manque la foi, ne sont que ceux qui l'ont perdue. La foi s'al-
lume assez vite, mais elle ne reste que dans lésâmes où l'amour ne s'éteint pas.
Chez les infidèles, il est certain que l'homme ne saurait pas plus avoir l'a-
mour avant la foi que la foi avant l'amour. Mais là est précisément la mer-
veille de la foi, qu'elle est formée d'autant d'amour que de lumière et ces
deux rayons de Dieu entrent ensemble dans l'âme.