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                            EN FRANCE.                              179
 le monde l'avait prévu, l'application du nouveau tarif fut immédia-
 tement suivie d'une diminution considérable de recette. Mais bien-
 tôt, comme l'avait annoncé M. Rowland Hill, le nombre des lettres
 et le chiffre des recettes commencèrent un mouvement de pro-
 gression qui se continua dès-lors avec une activité soutenue et une
 remarquable régularité. L'année 1840 fut la première à jouir des
avantages du nouveau tarif: pendant cette année, le nombre des
 lettres dépassa de 78 % le nombre constaté pendant l'année précé-
dente; en même temps, le revenu brut recueilli par l'adminis-
tration des postes fut de 43 % inférieur à celui donné par l'année
 1839. L'année suivante fournit un accroissement nouveau du nom-
bre des lettres, et produisit une recette plus considérable. Ce déve-
loppement se continua d'année en année : en 1845, le nombre des
lettres avait triplé, et le revenu ne présentait plus qu'une différence
en moins de 21 %, comparativement avec le nombre des lettres et
le revenu constatés en 1839. Si ce mouvement progressif a lieu
pendant quelques années encore, ce qui paraît à peu près certain,
la prédiction de M. Rowland Hill sera réalisée. Le revenu brut
produit en 1839, sous l'empire de l'ancien tarif, reparaîtra bientôt
et sera sans doute promptement dépassé.
   Il faut reconnaître cependant, que la réforme, si heureusement
soutenue par M. Rowland Hill, fut un acte de rare hardiesse, sur la
complète réussite duquel il était véritablement permis de concevoir
quelques doutes. Avant cette libérale réforme, la taxe moyenne
d'une lettre était, en Angleterre, à la parité de 1 fr. 05 c. Il pouvait
paraître hasardeux d'abaisser brusquement cette taxe à 0, fr. 10 c.
L'événement a péremptoirement donné raison à cette apparente
témérité.
    Lorsque l'on étudie l'intéressante histoire des obstacles qu'a ren-
contré l'admirable conception de M. Rowland Hill, on est étonné et
affligé en reconnaissant que l'administration des postes a figuré au
premier rang parmi ses adversaires. Celte inconcevable opposition,
à laquelle on cherche en vain à trouver un motif, ou même une
excuse, se continue encore. Elle n'a pu empêcher le succès ; elle
s'est efforcée d'en atténuer ou d'en dissimuler les heureux résultats.
    Dans ce but, dès la première année pendant laquelle le nouveau