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                            EN FRANCE.                            167
de la manière la plus fâcheuse sur la prospérité industrielle et sur
le développement moral du pays.
   Les industries, le commerce ont un puissant intérêt à recevoir
des avis fréquents de tout ce qui se passe sur les divers marchés.
Il arrive souvent que telle marchandise est à vil prix dans un lieu,
tandis qu'elle est rare et chère dans un autre. Le producteur et le
consommateur ont égal avantage à connaître ces variations inévi-
tables; car toutes les fois que l'affluence des produits concorde en
de convenables proportions avec la demande dont ils sont l'objet,
les prix se règlent naturellement de manière à laisser bénéfice au
producteur, sans que la bourse du consommateur soit mise à trop
grande contribution. C'est par l'effet d'une correspondance active
et multipliée, que ces résultats avantageux peuvent êlre obtenus.
Sous l'empire des taxes actuelles, une telle correspondance est très
coûteuse. Le négociant comprend bien qu'il pourrait en retirer
avantage; mais il recule devant la dépense et le plus souvent il
s'abstient. La cherté des ports de lettres nuit ainsi au développe-
ment des affaires, à la prospérité des industries, au bien-être des
consommateurs.
   L'exagération du tarif actuel des postes produit encore un autre
effet non moins regreltable. Trop souvent, le pauvre artisan est
obligé de laisser à la poste, faute d'en pouvoir payer le port, une
lettre qui lui apporte des nouvelles d'un père, d'un enfant habitant
un département lointain. Les familles mieux favorisées parla fortune
subissent aussi l'influence de cette élévation des ports de lettres.
On s'écrivait fréquemment d'abord. Bientôt on remarque combien
une correspondance active est coûteuse ; on s'écrit plus rarement,
on arrive promptement à ne plus s'écrire. Les relations de famille
ou d'amitié deviennent ainsi languissantes, elles se desserrent, elles
cessent. Et pourtant n'y a-t-il pas un intérêt social à ce que le père
corresponde souvent avec le fils, à ce que des liens d'affection réci-
proque se maintiennent entre les habitants des divers départements?
n'y a-t-il pas avantage pour les progrès des sciences, à ce que des
correspondances nombreuses s'échangent entre les savants? On a
préconisé avec raison les heureux effets que l'établissement des
chemins do fer produira pour le développement de la civilisation ;